Le 3 janvier 2009, sur le site de Karl
Zéro,
http://leweb2zero.tv/video/webrunner_20495ba61eed38b),
« Webrunner » postait un document qui aurait mérité d’être connu de tous
les Français(es).
Il rappelait qu’une loi du 3 janvier 1973, loi
voulue par Pompidou, alors président de la République pour un an encore,
et Giscard d’Estaing, ministre des finances, opérait un changement
révolutionnaire ou plutôt contre-révolutionnaire dans le finances
publiques.
Son article 25 stipulait en effet
que désormais « Le trésor public ne peut-être présentateur de ses
propres
effets à l’escompte de la Banque de France ». Cet article interdisait
désormais, dans un langage propre à ne pas être compris au commun des
mortels (y compris sans nul doute des députés de gauche de l’époque qui
ne déclenchèrent pas une tempête de protestations avec manifestations
géantes dans la rue), à l’État français, de s’avancer à lui-même les
fonds nécessaires pour combler son déficit budgétaire éventuel (lequel
serait réduit d’autant en fin d’exercice par l’inflation) mais d’avoir
recours pour ses besoins de crédit, comme un particulier, aux banques
privées qui lui feraient payer bien sûr des intérêts !!!
Certes pour
les grandes dépenses, les relances économiques, l’État avait dû déjà
avoir recours par le passé à l’émission d’emprunts qui s’étaient
révélés très sûrs pour les prêteurs (ils étaient assurés que l’État
rembourserait, ne ferait pas faillite) et néanmoins juteux pour les plus
riches, puisqu’ils étaient souvent assortis de mesures fiscales qui
favorisaient justement le plus ceux qui payaient beaucoup d’impôts.
Le
record en la matière avait été l’emprunt Pinay, sous la quatrième
République. Car sa valeur de remboursement était indexée sur le cours de
l’or. Comme celui-ci suivait au moins l’inflation et flambait même dans
ces périodes d’incertitudes que constituèrent les guerres coloniales et
la Guerre froide, ceux qui y souscrivirent firent, au détriment de tous
les autres Français, le plus beau « coup » de leur carrière de
spéculateurs.
Devant le scandale que provoqua ce cadeau fait aux
plus riches, Giscard d’Estaing, héritier 20 ans après de l’emprunt pas
encore remboursé, ne fit ni une ni deux : il le prolongea encore, autant
qu’il était possible.
La loi voulue par le plus proche conseiller
financier du général de Gaulle qu’était Pompidou (On remarquera les
trois premiers présidents de la cinquième République étaient très
impliqués dans cette situation) entraîna mécaniquement l’explosion de la
dette publique, c’est-à-dire de celle de tous les Français.
Elle
était déjà de 229,15 milliards d’euros en 1979 (valeur actuelle après
prise en compte de l’inflation sur 20 ans), et représentait 21% du
Produit Intérieur Brut (toute la richesse produite par le travail des
Français) en un an. En 2006, elle avait atteint 1 149,9 milliards
d’euros, et représentait 63,9% du PIB !!!
Bien sûr, entre temps, il y
avait eu le ministère Balladur : désireux comme Giscard, Pompidou, de
Gaulle et autre Pinay, de favoriser leurs amis les plus riches par une
fiscalité allégée, sans cependant mettre dans la rue les travailleurs
par une austérité insupportable (et contre-productive pour l’activité
économique) l’ex-premier ministre avait ouvert en grand les vannes du
déficit budgétaire.
On aurait pu espérer que l’Union de la gauche
arrivant au pouvoir en 1981, supprimerait la loi Pompidou-Giscard et
permettrait de nouveau à la France de se prêter à elle-même. Mais il
était trop tard ! L’adhésion aux traités européens l’interdisait déjà !
Depuis,
avec l’adoption de la monnaie unique (sauf pour les Britanniques,
donneurs de leçons économiques ... mais pour les autres) le système a
été sur-verrouillé. C’est désormais une banque indépendante se
comportant comme une banque de statut privé, la Banque Centrale
Européenne qui contrôle le taux d’intérêt de base sur lequel se fonde
celui que doit payer l’état emprunteur.
Or pour empêcher les
particuliers de trop emprunter ce qui paraît-il relancerait l’inflation,
la BCE a toujours fixé des taux directeurs d’intérêts les plus hauts.
ce qui n’a fait que faire exploser la dette. Avant la grande crise
actuelle qui ne fait que commencer, de bons esprits préconisaient pour
résorber cette dette, non d’augmenter les impôts directs sur les plus
hauts revenus pour améliorer le « pouvoir d’achat » de l’État, mais par
différents procédés de faire baisser les salaires et les retraites et
diminuer les dépenses publiques. Ce qui ne pouvait manquer que tuer la
demande et diminuer en cercle vicieux le PIB et les revenus de l’État en
même temps que cela augmentait le chômage.
Outre qu’en révélant son
étendue effrayante, la dette publique sert à « calmer » les légitimes
revendications des travailleurs (« Non seulement les caisses sont vides
mais en plus on doit de l’argent »), elle permet également aux banques
privées et leurs actionnaires, en ayant pour débiteur le plus sûr client
qui soit, à savoir l’État lui-même, de s’offrir une durable rente de
situation. Elle compense en partie les pertes que leur confiance
irraisonnée envers leur maîtresse idolâtrée à tous, l’économie
américaine, leur a fait subir.
La France a payé depuis 1980 1176
milliards d’euros d’intérêts. Sa dette actuelle s’élève à 1149 milliards
d’euros. 1176 - 1149 = 27. Si la France se prêtait à elle-même, au lieu
d’une dette abyssale, elle se retrouverait avec 27 milliards
d’excédents. CQFD