Romain,
Vous dites : Lorsque l’Etat décrète que sa laïcité lui permet de déterminer ce qui
est ostentatoire ou non, religieux ou non, est-il encore laïc ?
L’Etat n’est pas qu’une superstructure séparée de la société civile.
C’est la société civile qui a dit les signes religieux pendus autour du
cou sont discrets alors que kippas et voiles islamiques sont des signes ostensibles.
Il y a sans doute des cas intermédiaires qui posent problème. Mais la distinction
globale reste valable. La société française a dit en 2003 puis l’Etat le 15 mars 2004
que ce qui était signes religieux discrets étaient parfaitement
acceptables à l’école alors que les signes religieux ostensibles le
l’étaient pas.
On peut observer que cette situation peut s’appliquer dans l’emploi
privé (pas dans l’administration) et qu’aucune loi n’a été prise ni
même réclamée par les citoyens. Pourtant une kippa ou un voile
islamique a longueur de journée dans un bureau ou un atelier ce peut
être particulièrement difficile à supporter ! Bcp plus qu’une croix sur
un mur !
Quand à la question du fond ? La réponse n’est pas l’indifférence mais
tient au fait que l’émancipation est individuelle. Ce qui signifie que
le paternalisme tend à vouloir émanciper les autres qui ne se plaignent
pas de leur « aliénation ». Ce qui signifie du coup que c’est l’intégrisme
de contrainte sur l’autre dès le plus jeune âge sous forme de reproduction de l’inégalité entre hommes et femmes qu’il faut combattre. Il
n’y a d’ailleurs pas que l’intégrisme mais tout le corpus de toutes les
religions qui peut ici être visé. Politiquement ce sont les secteurs
fondamentalistes qui sont à la pointe du combat réactionnaire
international.