A C. Delarue,
Il est normal, dans une loi, de tenir compte d’abord de la généralité pour ensuite se préoccuper de ce qui est particulier. En conséquence, la hiérarchie dont vous relevez l’existence est naturelle : d’abord l’ensemble de la population - liberté de conscience, puis les croyants - liberté de culte.
Il ne faut pas confondre conscience et croyance, sinon on utiliserait indifféremment ce mot. Ce n’est pas le cas. La liberté de conscience permet - aussi - à ceux qui n’ont pas de croyance d’être des citoyens.
Si des mots précis ont été retenus par les rédacteurs de la loi, c’est précisément pour éviter toute confusion. La liberté de culte ne se confond pas avec liberté de religion car dans certaines croyances, qui ne sont pas des religions, les adeptes pratiquent des cultes. C’est cette liberté qu’a voulu assurer la loi.
La loi de séparation des églises et de l’Etat a eu pour but, non seulement de supprimer l’emprise des cléricaux sur les affaires publiques, mais aussi, réciproquement, d’interdire à la puissance publique de se mêler des affaires religieuses. Aussi, votre objection selon laquelle « la liberté de conscience ne dit pas grand chose sur la distinction entre liberté de croyance mais pas de liberté de religion » ne tient pas. Cette distinction n’est pas du ressort des pouvoirs publics ni de la loi.
Rien dans l’ensemble de l’arsenal législatif ou réglementaire français n’interdit à quelque religion d’exister. On ne peut donc pas affirmer raisonnablement qu’en France, il n’y a pas de liberté de religion.
Enfin, ce qui comptait avant tout pour les parlementaires qui ont discuté et voté les lois qui ont mis en place la laïcité, c’était l’unité et l’égalité des citoyens, pas la nature des illusions que certains avaient en leur for intérieur. Pour cela, assurer la liberté de conscience était bien plus essentiel que d’assurer la liberté de religion, chose qui existait bien avant la République, sous l’Ancien régime.