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Commentaire de Joë

sur 0% de croissance au troisième trimestre


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Joë (---.---.133.39) 5 décembre 2006 15:56

ERIC HAZAN ANALYSE LES DIKTATS DU DISCOURS DOMINANT Éric Hazan, LQR, La propagande au quotidien, éditions Raisons d’Agir, 2006

LA FABRIQUE DU BARATIN

Votre bistrotier vous parle de la croissance qui « devrait tout arranger » ?

L’oncle Jean-Paul déplore « l’échec de l’intégration à la française » ?

Le chauffeur de taxi évoque « l’impossiblité de faire des réformes dans ce pays » ?

Attention, ils sont sans doute contaminés ! Vocabulaire de marché, mots-entonnoir, contre-sens orwelliens, catalogue du prêt-à-penser : dans un petit livre stimulant - LQR, la propagande du quotidien -, l’éditeur Éric Hazan désosse la « Lingua Qutiane Respublicae », cette tyrannie sémantique qui imprègne le langage de chacun.

EXTRAITS :

1) Ce langage n’est pas le résultat d’un complot. Il n’y a pas de réunions secrètes où il serait décidé que cette semaine on va lancer « gouvernance » et la semaine prochaine « diversité ».

La LQR est élaborée et répandue par des milliers de personnes, à des places très variées - membres de cabinets ministériels, juges anti-terroristes, chroniqueurs à France Culture, directeurs de la communication chez les lessiviers, etc. - qui sont sortis des mêmes écoles et qui s’échangent en permanence postes et compétences. Ce groupe est homogène par sa formation et surtout par un intérêt commun à ce que rien ne bouge. Et pour y parvenir, la LQR est une arme essentielle."

2) « ... Klemperer était professeur de philologie à l’université de Dresde. Comme il était juif, il a été chassé de son poste en 1933 par les nazis. Il a tenu ensuite un journal qui décrivait l’apparition et le développement d’une nouvelle langue, la LTI, « Lingua Tertii Imperii », la langue du Troisième Reich. En intitulant mon livre LQR, « Lingua Quintae Respublicae » - la langue de la Cinquième République - mon intention n’était pas de comparer la république gaullo-chiraquienne au nazisme. Mais la langue de Goebbels et la novlangue actuelle ont ceci de commun qu’elles se sont imposées, comme disait Klemperer, « de façon mécanique et inconsciente », même si les buts et les moyens sont différents. »

3) " la croissance revient sans cesse dans les discours et les médias. Il y a plusieurs raisons à cela.

La première est le caractère magique des données chiffrées, qui tient au rôle essentiel que tiennent dans la LQR les économistes et leurs complices, les statisticiens et les sondeurs. Personne ne s’étonne que l’on discute pour savoir si l’an prochain la croissance sera de 1,5 ou de 1,6 %, alors qu’il s’agit d’une notion dont la définition et les variations sont aussi précises que la météorologie !

À preuve, une phrase de Thierry Breton, ministre des Finances, qui a avoué un jour que « le plancher de sa précédente fourchette de prévisions était devenu le plafond de l’actuelle ». Beau looping ! La deuxième raison, c’est que « la croissance » est la plus importante des « contraintes externes » qui limitent « la marge de manoeuvre » - expressions-clés de la LQR. Si la croissance est trop faible, si la marge de manoeuvre est trop étroite, alors on ne peut rien sur rien et mieux vaut rester chez soi à regarder la télé. C’est ça, le rôle de la croissance dans la LQR."

4) ...« Beaucoup de ces « concepts », comme ils disent, sont issus du langage des publicitaires... »


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