Je suis assez épaté par votre article : autant de lieux communs libéraux entassés sous une forme aussi pédagogique, sous le sceau de l’indiscutable… Chapeau, quand on le lit un peu vite, on a vraiment l’impression d’être une feignasse irresponsable et risquophobe.
Bon, soyons sérieux, je vous propose un rewriting un peu plus conforme à la réalité des faits : commençons par les 6 points qui expliquent la situation catastrophique, ou nos limaces de pseudo-travailleurs français se vautrent :
La France perd progressivement son statut de nation industrielle : remplacer SVP par : les investisseurs, toujours courageux et risquophiles, ne veulent plus s’emmerder à créer des entreprises industrielles, vu qu’on est sans arrête persécuté par les méchants ouvriers syndiqués qui demandent des augmentations et en plus il faut payer des charges colossales. Il vaut mieux mettre son fric dans la spéculation, ou investir au Pakistan, où les ouvriers, là, au moins, ils savent se tenir : un bol de riz par semaine, et ils vous remercient.
Les grands marchés de l’avenir ne sont plus guère dans nos contrées : remplacer SVP par : on ne peut plus vendre de grosses quantités de camelote à des gens riches qui ont déjà plein de choses, il sont déjà tous un portable et une bagnole, il vaut mieux les fourguer aux Chinois, ils y connaissent rien, d’ailleurs mon directeur marketing me l’a dit, et je ne vais pas me fatiguer à trouver de nouveaux produits, je suis bête comme mes pieds, on verra la suite dans dix ans. On vendra aux Martiens, je ne sais pas, on verra bien. En attendant, faisons toujours de la même chose, ça c’est créatif.
Nous sommes devenus allergiques au risque (et en partie au travail) : remplacer SVP par : les salariés, traités comme des merdes par leurs employeurs, en ont marre de se faire dire que les augmentations, ça sera plus tard. Alors tout le monde préfère leur filer des RTT que de la paye en plus. En plus ça permet aux entreprises de brailler que les charges doivent être allégées, et on se dépêche de leur offrir des dégrèvements, payés par la collectivité. A noter que ceux qui clament leur volonté de prendre des risques (banquiers, par exemple) passent leur temps à s’entourer d’indicateurs, de ratios et de rapports leur permettant d’éviter justement les risques.
Nos grandes institutions apprenantes ne sont plus adaptées aux temps post-modernes et postindustriels : avant de remplacer, laissez-moi rigoler un moment. Vous n’avez pas dû sortir de votre chambre depuis 1880, ou quoi ? Les matières du futur, c’est l’intelligence émotionnelle et l’accueil du client ? et prendre des initiatives, dites-moi où ça s’apprend ? En revanche je vous suis sur le constat que les ouvriers, et employés, personne ne pense à les former.
La concurrence, etc. : remplacer par : ils est moins coûteux d’employer un Pakistanais à qui ont file un téléphone et un terminal, qu’un Français qui va vouloir se reposer au boulot, se syndiquer, et refuser d’aller à la messe, pour s’entendre dire qu’un jour de repos par semaine, c’est largement suffisant. Votre exemple sur la Corée est assez croquignolet : vous expliquez que ce pays a réussi en 15 ans à faire de chouettes voitures, nous, un siècle, et vous en concluez que ça va vachement plus vite chez eux. Evidement, si on calcule comme ça, mais c’est bidon : ils ont démarré plus tôt que ça, et nous, il a fallu presque un siècle pour les firmes automobiles française comprennent que les gens achetaient des moyens de transport, et pas un moteur plein de caractéristiques techniques. Les rares succès de vente n’avaient pas été prévus (l’Espace, la Clio pour les retraités, le Logan, etc.) par nos polytechniciens.
Notre installation dans un cocon social… etc. : remplacer par : évidemment, avec 15% de la population au chômage, aucun investisseur industriel, les salaires qui stagnent depuis quinze ans (enfin, pas tous), les gens ils rament un peu. On va donc leur expliquer que paradoxalement, tout ça c’est un confort incroyable, et qu’ils vraiment de la chance de ne pas vivre au Pakistan. Un Etat fort qui s’occupe de leur santé, de leur sécurité sociale, de leur police, tout ça c’est du luxe, on peut s’en passer, regardez au Pakistan et en Haïti.. D’ailleurs, les fonctionnaires sont tous des feignasses, ils servent à rien, faut tous les virer, le droit du travail ça gêne les patrons, et les banques qu’on renfloue, faut les aider avec votre fric, alors il en reste plus pour assurer le service public, cette bonne blague.
Votre conclusion, c’est que les salariés (on n’ose les appeler travailleurs) doivent se prendre ne main, se secouer le cul, et se former ? Ce n’est pas tout à fait faux, mais se former à quoi ? Au contact client , à l’intelligence émotionnelle ? Profiter du Dif, d’accord, mais si le patron ne provisionne rien, et s’assoit sur le droit du travail (je suis dans ce cas, et mon patron c’est l’Etat, justement !). ? Il y a des limites à la « responsabilisation » du salarié, c’est en fait une culpabilisation, on lui dit en fait : « si tu est dans la m..., c’est de faite, tu n’as pas appris par toi-même à prendre des risques ».
Et vos huit compétences de base, c’est sûr, c’est difficile d’être contre. Uniquement quand on est cadre et qu’on a une formation technique qui assoit sa situation… Une formation provenant justement de ces institutions qui datent de Charlemagne, et que vous villipendez ci-dessus. mais vous croyez que les mecs de la raffinerie fermée par Total, ça va les aider ?
03/02 11:34 - ddacoudre
bonjour vilain petit carnard c’est mieux comme tu le dis cordialement.
03/02 10:38 - Vilain petit canard
Je suis assez épaté par votre article : autant de lieux communs libéraux entassés sous une (...)
03/02 00:00 - Eusèbe
J’ai l’étrange impression de lire un texte parodique en lisant cet article. Ce (...)
02/02 22:48 - ddacoudre
bonjour didier j’avoue que ton article m’a assis sur le cul. en résumer (...)
02/02 20:48 - Eloi
Pour quelqu’un qui veut combattre la sclérose, c’est un article fortement (...)
02/02 14:15 - paconform
Bonjour, Vos analyse sont tout à fait pertinentes, bravo. Cependant il n’est pas (...)
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