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Commentaire de Oudeis

sur Burqa, identité, laïcité


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Oudeis 7 février 2010 22:33

Votre définition de la laïcité comme application du rationalisme est intéressante.

Je note toutefois qu’elle ne s’oppose pas à la double acception de laïcité que je mentionnais - au contraire, cette définition rationaliste est compatible avec les deux visions de la laïcité. Car le rationalisme constitue alors le fondement de la tenue de la chose politique sans pour autant pouvoir trancher des pratiques qui ne relèvent pas de la raison. Pour ce qui relève de l’arbitraire dépassant la raison, la laïcité rationaliste s’accommode aussi bien d’une neutralité bienveillante que d’un anticléricalisme radical.

Quelques exemples pour illustrer mon propos.

Nous sommes d’accord que la Raison s’impose et prévaut - quel que soit la conception de la laïcité. Ainsi les pratiques contraire à la raison - atteignant par exemple à l’intégrité et la dignité d’autrui - sont proscrites par toutes les laïcités. Pour toutes les acceptions, les mises à mort (lapidation ...) ou mutilations pour infractions aux prescriptions religieuses sont interdites. Que la laïcité soit considérée comme d’une tolérante neutralité ou d’interdiction de toute pratique religieuse, elle est conforme au rationalisme.

Mais comment la Raison pourrait trancher sur, par exemple, sur les jours chômés de la semaine ou de l’année. Quelle raison pourrait être invoquée pour justifier qu’il est préférable de ne pas travailler le dimanche plutôt que le samedi, le vendredi ou le mercredi ? Pourquoi l’anniversaire de la naissance de Jésus Christ serait raisonnablement plus à marquer d’un jour chômé que la libération de l’esclavage des Juifs en Egypte ou le sacrifice d’Isaac ? En quoi le rationalisme pourrait indiquer qu’il est plus poli de se découvrir le chef (comme à l’Eglise) plutôt que les pieds (à la Mosquée) ou de se le couvrir (Synagogue) ? La télévision publique se permet, en même temps que la météo, de nous rappeler le saint catholique du jour - où est le rationalisme, l’objectivité ou l’impartialité dans cette pratique ?

Tous ces exemples relèvent d’une pratique culturelle de tradition religieuse. Le rationalisme n’est alors d’aucune utilité pour choisir une pratique plutôt qu’une autre.

Une définition rationaliste de la laïcité est donc nécessaire mais non suffisante.
Elle peut suffire quand les pratiques conventionnelles irrationnelles ne sont pas remises en causes - comme c’était le cas lorsque le référent culturel catholique était globalement partagé ainsi que je l’indiquais dans l’article - mais est prise en défaut dès que ce n’est plus le cas.

Inversement, il peut y avoir rationalisme sans laïcité. Un État peut, tout en affirmant une identité culturelle - et donc une préférence - religieuse, décider pour autant de gouverner des choses rationnelles selon la raison. Nos voisins anglais fournissent un tel exemple de système rationnel non laïque.


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