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Commentaire de dersou

sur Ilan et le gendarme de Saint Martin : les dangers du communautarisme


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dersou (---.---.151.17) 26 février 2006 18:43

Que de discours ... Et pourtant la justice n’est pas passée. Qui est passé ? La rumeur, le phantasme, des informations plus ou moins bien contrôlées, des déclarations contradictoires. Bref, comme d’habitude : on cause, on cause, on ne sait rien. Que fait-on en pareille circonstance lorsqu’on est sensé ? On se tait. On est triste pour la victime, on plaint ses proches, on méprise ses bourreaux. On se dit que la victime était juive et qu’il y a là un risque, une possibilité que ce soit encore pire que ce que l’on imaginait. Puis on se dit que cette histoire de « riche parce que juif » ça marche aussi avec notaire ou joaillier. Alors on ne sait plus, on manque d’information, on a peur de ne pas être irréprochable, de pencher, ne serait-ce qu’un peu, du côté des arguments ignobles des antisémites, des racistes de tout poil. Et ça, on en veut à aucun prix. On est éduqué, on connait l’histoire récente et on a choisi son camp depuis bien longtemps. Mais on a peur aussi de céder à la folie collective et de dire n’importe quoi. Alors que fait-on ?

On attend les conclusions de l’enquête. C’est pourtant pas bien difficile, si ?

Et on s’énerve de ces politiques à 2 euros cinquantes, prétendus représentants d’une république laïque, qui se précipitent à la première occasion venue dans une église, un temple, une mosquée ou une synagogue. Que ce soit pour la mort du pape ou le martyr de ce pauvre garçon ils n’ont rien à faire dans un lieu de culte lorsqu’ils représentent l’état. Ce sont des pitres indignes de l’honneur qu’on a fait de les élire. Si les proches des victimes ou les adorateurs du défunt pontife ne comprennent pas que le premier ministre d’une république laïque, au service de sa fonction, ne doit pas plus porter une kippa qu’une croix, alors tant pis. C’est sans doute que leur éducation de citoyen a été mal faite. On a oublié de leur expliquer que cette liberté de culte à laquelle ils tiennent tant n’est garantie qu’à ce prix. Et puis, de toute façon, ils ont mal, ils souffrent, et ce qu’ils pensent en ces instants terribles est trop volatile pour insuffler une conduite politique. Si les politiques se définissaient toujours dans l’instant qui suit la crise nous couperions encore des têtes pour un oui ou pour un non. Et nous ferions bien pire encore ...

Quelle est l’autre option ? Déblatérer en aveugle, accorder un traitement exceptionnel, multiplier les déclarations péremptoires, faire le beau, rafler quelques voix, exciter les uns et les autres, appeler à la vengeance, au sursaut national, traiter d’antisémites refoulés tout ceux qui demandent juste un peu de sérénité afin que passe la justice. D’accord, prenons en pensée cette voix furieuse et vociférente. Et que se passera-t-il ensuite ? Hein, à votre avis, que se passera-t-il ? C’est pourtant évident, ô citoyens de notre république laïque, une et indivisible. Un « membre d’une autre communauté » (dieu que je hais cette expression idiote, raciste et discriminatoire) sera à son tour victime d’une tragédie. Le traitement médiatique qui lui sera accordé sera inférieur en intensité et en qualité. Il n’aura droit, pour ses funérailles, qu’au sous-préfet alors que ce pauvre Ilan a eu, lui, les honneurs de la république au grand complet. Vous imaginez le ressentiment, l’escalade de haine et de racisme intercommunautaire que ce genre de situation peut et va engendrer ?

Réfléchissez, mes concitoyens, mes frères, et choisissez. Choisissez entre une mosaïque de groupuscules qui s’entre-déchirent au moindre prétexte (vous voulez un nom de pays ?) et une république démocratique, laïque où les femmes et les hommes naissent libres et égaux en droit, quels que soient leurs croyances religieuses, leurs convictions politiques, leur sexe ou leur origine.

Si vous faites, comme moi, le choix de la paix, alors attendons que passe la justice. Et restons vigilants. Car c’est notre responsabilité de citoyens. Parce que la justice ne passe bien que sous notre regard attentif.


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