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Commentaire de Jean

sur Formation des enseignants : ce qui attend la profession


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Jean 10 février 2010 11:06

Cher Stéphane Guinot,
Quand j’écrivais que l’on « nait » enseignant, je voulais dire que l’on a ou pas au départ le réflexe, voire la passion d’expliquer aux autres ce qu’on sait. Car pour passer trente ou quarante ans de sa vie à expliquer, à expliquer encore et toujours, sans se lasser, sans craindre de se répéter, puisque c’est cela le métier d’enseignant, il est préférable d’ avoir au départ un certain gout pour cela ! C’est peut-etre la question que l’on devrait poser à ceux qui postulent à un emploi dans l’enseignement : « Avez-vous la passion d’expliquer ? Si vous n’etes pas surs de répondre »oui« , alors fuyez au plus vite ! ».
Il y a donc un gout inné pour l’acte d’enseigner que ne donnera jamais aucun IUFM. 
Je maintiens qu’en ce sens, le métier d’enseignant ne s’apprend pas, surtout pas entre les quatre murs d’un IUFM. Ce que l’on a pu vous y montrer, certes, c’est comment organiser concrètement une leçon dans les classes primaires , si, comme vous avez l’air de le dire, en sortant de vos études universitaires, vous n’en aviez plus aucune idée. Mais c’est vraiment tout. Le reste vous viendra en enseignant vous-meme, et vous ne deviendrez un bon enseignant qu’avec cette expérience acquise, en trouvant votre style à vous.
Or, à l’IUFM, on prétend mécaniser la formation des maitres. On y détiendrait toutes les techniques, tous les « savoir-faire », comme ils disent, qui feraient de n’importe quel individu un enseignant accompli. C’est ce qu’ils appellent « professionnaliser la formation ». C’est une escroquerie, mais il faut bien que les cohortes de bavards qui peuplent les IUFM justifient leur salaire. 
Vous dites que le compagnonnage est une mauvaise chose parce que l’enseignant devrait simplement reproduire ce qu’il voit, parce que ce type de formation « transforme clairement l’enseignant en simple exécutant ». Je reconnais là la propagande idéologique de l’IUFM. Ne croyez pas de telles sornettes. Car au début, tout jeune enseignant imite des modèles. Comment voulez-vous faire autrement ? Et peu à peu il trouve sa propre façon de faire, qui n’est réductible à aucune autre.
Quant à attendre, pour enseigner, de savoir « comment un enfant apprend », alors là, il vous faudrait une vie pour cela, et au bout du compte, vous en seriez au meme point que certains pédagogistes bien connus (qui d’ailleurs se sont éloignés très vite du terrain, c’était plus prudent...), qui après vingt ou trente mille pages de laius, avouent qu’ils se trouvent devant une aporie !
« Analyser et adapter votre pratique pour avancer », dites-vous ? (« Avancer’ » vers où ?). Pourquoi ne ditez-vous pas , en termes moins ronflants, « faire le bilan de mes séances et essayer d’améliorer ce qui n’a pas marché » ?
« Prendre en compte la diversité et les difficultés des élèves » ? Qu’entendez-vous pas « prendre en compte » ? N’y a-t-il pas une façon plus simple de s’exprimer ? Et puis un jeune enseignant qui a choisi ce métier par intéret profond, par vocation (allez, lachons le mot) sera-t-il assez abruti pour avoir besoin que l’IUFM lui « révèle » qu’il y a dans une classe des élèves différents ? 
Voyez-vous, ce que j’essaie de vous faire comprendre, c’est qu’au-delà de la pratique concrète de la classe, sur laquelle des enseignants chevronnés que vous pouvez rencontrer à l’IUFM peuvent vous guider efficacement, vous ne trouverez pas grand-chose de substantiel à vous mettre sous la dent dans cette institution et que la méfiance s’impose. Vous connaissez l’histoire du joueur de flute de Hameln...
Sur les pédagogistes et l’agrégation, j’estime qu’avant de pérorer à perte de vue sur ce que c’est qu’enseigner - je pense ici à l’enseignement secondaire - il conviendrait d’avoir fait la preuve de ses capacités intellectuelles, de sa rigueur,de sa culture en décrochant au moins l’un des grands concours de recrutement « républicains », l’agrégation ou le CAPES. Voyez-vous un autre mode de recrutement des professeurs du secondaire ? Le piston ? La tete du client ? Vous etes bien d’accord, n’est-ce pas ?


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