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Commentaire de xa

sur Réduction des dépenses : Info ou intox ?


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xa 10 février 2010 12:29

"Vous dites qu’en n’empruntant plus, on assèchera les milieux financiers.
Ceci n’est possible qu’à très long terme car il faudra beaucoup de temps pour que les intérêts se réduisent. Une autre condition et non des moindres, c’est que les taux restent les mêmes.« 

Evidemment. On ne peut pas rembourser 1500 milliards en un an, donc ca ne peut se faire que lentement.

Pour l’évolution potentielle des taux suite, le taux n’est pas lié à la faiblesse de la dette. Ils sont pilotés par le loyer de l’argent (il faut que le taux soit plus intéressant que la perte de valeur de l’argent), et par le risque (un pays trop endetté voit ses taux monter pour inciter les investisseurs frileux à acheter sa dette). Le remboursement n’aura pas d’impact direct sur les taux.

 »Si demain on ponctionne l’économie réelle pour payer des intérêts que se passera-t-il ? N’y a il pas un risque de pénurie de monnaie dans l’économie réelle et donc de déflation ?« 

C’est là qu’il faut faire attention, et trouver le juste milieu entre gestion saine de la dette et ne pas casser l’activité. Malheureusement, en ce moment, je pense que les choix sont mauvais. Sous prétexte de ne pas casser la »dynamique de reprise« , on dépense à tord et à travers, on soutient les mauvaises entreprises au détriment des bonnes, etc...

Par ailleurs, en empruntant, on ponctionne aussi l’économie réelle : l’emprunt d’Etat est un investissement fait sur fonds disponibles, pas un crédit classique. Les banques et assurances placent leurs fonds propres dans cette dette d’Etat pour maintenir la valeur de ces fonds propres. Les particuliers placent leurs économies réelles dans cette dette d’Etat pour se constituer un bas de laine. Autant d’argent qui pourrait, par exemple, être investi ailleurs.

Enfin, il ne faut pas oublier que cette dette ponctionne l’économie d’une manière ou d’une autre : il faudra bien la rembourser un jour, donc il faudra bien avoir de l’inflation (rembourser en monnaie de singe), ou augmenter les prélèvements ou supprimer des dépenses.

La seule question c’est quand devrons nous faire cela : maintenant ou dans dix ans.

 » Mais il me semble que pour rembourser la dette il faut être en période faste or ce n’est pas le cas.« 

Oui et non, à mon sens.

On ne peut pas dire brutalement »l’an prochain on sera à l’équilibre budgétaire« , mais on doit réfléchir, en période creuse, à comment limiter les dégâts (trouver ce juste milieu entre ne pas aggraver notre dette boulet et ne pas casser la dynamique économique). Et commencer doucement.

On peut par exemple, se poser la question de la pertinence, en pleine crise, d’une diminution d’imposition ou de taxation dont on connait à l’avance l’inefficacité en terme de relance économique. Ex : TP et TVA.

Tout le monde sait que cela n’a pas d’impact notable en terme de dynamisme économique. Mais ca coute 12 milliards par an. Ces 12 milliards n’auraient-ils pas d’autres usages plus utiles et efficaces ?

Mais effectivement l’essentiel de l’assainissement ne peut se produire qu’en période faste.

 »Les intérêts ont surtout monté depuis 1973. Avant cette date, il n’y avait pour ainsi dire pas de dette public même juste après la guerre alors que la situation été très difficile.« 

Inexact. Si vous cherchez vraiment l’historique de la dette publique, la dette n’est pas apparue comme par magie en 73. Elle était en phase de diminution constante depuis la guerre, du fait de l’énorme croissance suivant la guerre (reconstruction) et de l’inflation des années 45-60. Mais elle existait.

Vous oubliez aussi qu’il y a eu, avant 73, une dévaluation de la monnaie pour compenser sa faiblesse.

En 73, on est entré dans la phase actuelle, une croissance plus faible, une habitude non modifiée de l’Etat d’emprunter (sauf qu’il ne pouvait plus emprunter auprès de sa banque). Et c’est là que le problème est né : entre 73 et 80, en gros, l’Etat a emprunté pour compenser l’effet d’une crise, et pour des dépenses d’investissements. Ensuite, il a pris la mauvaise habitude d’emprunter pour des dépenses de fonctionnement. Et là ce n’est pas bien.

Si le problème avait été traité au début des années 90 (souvenez vous de certains politiques qui demandaient, justement, un peu plus de rigueur dans le recours à la dette), le problème actuelle n’existerait pas.

 »Il me semble qu’aucun pays dans le monde ayant voulu réduire sa dette avec l’aide du FMI ne soit arrivé à autre chose qu’à dégrader encore plus sa situation budgétaire."

Avec l’aide du FMI non. Mais c’est difficile d’être catégorique. La crise argentine est plus complexe, quand on regarde dans le détail, que ce qui paraît de l’extérieur.

Sans l’aide du FMI, on pourrait citer le Canada.

Mais on peut surtout citer des pays hautement anti-sociaux qui ont diminuer leur dette sans détruire leurs services publics, et sans hypothéquer leur économie : la Suède, le Danemark, la Finlande, qui ont commencé à traiter leurs problèmes de dettes pendant des crises, certes moins mondiales que la crise actuelle, mais tout aussi violente en interne au pays.

Comme quoi c’est faisable ... en se posant les bonnes questions.


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