• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de xa

sur Le B-A-BA de la création monétaire


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

xa 16 février 2010 16:00
« Non, c’est faux, je parlais de »monnaie initiale« , pas de »monnaie réelle« . Arrêtez de me faire dire ce que je n’écris pas. »

La monnaie créée par les établissements de crédit (pour vous faire plaisir) est une monnaie virtuelle, temporaire, amenée à disparaitre via le remboursement du crédit qui, de facto, détruit la monnaie créée par son existence.

Votre calcul, s’il était juste, donnerait donc la quantité de monnaie non virtuelle, soit réelle, ou si vous le voulez initiale. Passons sur le fait que cette monnaie initiale soit inférieure aux fonds propres des banques européennes : elles ont surement dû emprunter à des banques qui n’existaient pas encore pour disposer de ces fonds propres...

« Soit ces »OAT« sont dans les crédits, et j’imagine que ce sont des crédits »

C’est parce que vous mélangez la notion anglosaxon credit et la notion « crédit d’un établissement de crédit ». Une obligation, c’est le prêt par un investisseur envers un émetteur d’obligation. C’est donc un credit au sens « quelqu’un a prêté cet argent ».

Mais cette obligation, lors de son émission, ponctionne le compte de l’investisseur d’une somme pour créditer l’émetteur, qui devient le débiteur du premier.

Ce faisant, vous conviendrez qu’il n’y a pas de création de nouvelle monnaie, non ? Ce n’est qu’un transfert de monnaie existant avant l’émission de cette obligation, non ? M3 ne change pas lorsque vous déplacez un peu de m0 (vos billets dans votre portefeuille) vers votre compte épargne qui est comptabilisé dans M3, n’est-ce pas ?

Pourtant, dans le même temps, la dette de l’Etat dont vous avez souscrit l’obligation augmente. Et le credit to general governement augmente.

Mince alors. Ce ne serait pas un peu contraire à ce que vous dites ?

De manière purement bijective, lorsque l’émetteur rembourse l’obligation, il retransfert les fonds correspondant de son compte vers celui du créancier / investisseur. M3 ne change toujours pas, mais la dette de l’Etat diminue, et la colonne credit to general governement aussi.

Le crédit bancaire, par contre, n’est pas qu’un simple transfert. La banque « invente » de l’argent qu’elle n’a pas lorsqu’elle fait ce prêt. Et elle « désinvente » cette monnaie quand vous remboursez le capital.

Donc là, il y a une différence absolue. Lorsqu’une banque prête de l’argent qu’elle ne possède pas initialement, ce qui est son fonds de commerce, elle AUGMENTE M3 en même temps qu’elle AUGMENTE le total des crédits encours.

Cela dit, vous ne vous êtes pas posé une question, pourtant évidente : les crédits bancaires atterrissant essentiellement sur des comptes courants ou épargne court terme (donc inclus dans M3), mais de quoi donc est constitué la « monnaie » au delà de M3 ?
 
« De quoi parlez-vous ? l’auteur écrit dans son article ... »

Si l’emprunte n’emprunte pas, il utilise de la monnaie prééxistente. C’est une des premières choses que j’ai dite. Ce qui induit que je ne suis pas d’accord avec l’auteur.

Ce à quoi vous répondez : « Qui elle-même avait été créée par les
emprunts précédents ». Donc vous posez cette donnée comme une évidence, ce que je conteste depuis le début.

Ce qui entraine de fait une question à laquelle Allais lui même n’a pas répondu : si la monnaie n’existe QUE via le crédit, comment fesions nous AVANT l’apparition de ce crédit d’établissement de crédit qui fabrique de la monnaie ???

Ce qui revient à demander « lorsque l’on ne fonctionnait qu’avec des pièces de métal, et que personne n’avait encore eu l’idée de prêter de l’argent qu’il ne possédait pas, c’était déjà du crédit créateur de monnaie ? »

Votre réponse, lapidaire : « Non. »

Conclusion, la monnaie existait en dehors du crédit. Mais alors qu’est devenue cette monnaie prééxistente au monde du crédit ?

2 solutions : soit elle existe, et donc il existe de la monnaie en dehors de la notion de crédit, soit elle n’existe plus, et cela signifie qu’on a dû la détruire. Cette monnaie reposant sur les actifs existants, j’en déduis qu’il y a dû exister un instant T ou tout a été détruit, afin qu’il n’existe plus de monnaie du tout, plus de biens échangeables.

Et qu’ensuite, on a inventé le crédit qui est le seul créateur de monnaie. C’est votre axiome, votre fait non discutable.

Vous le voyez, le feu de joie, maintenant ?

Mais vous ne le voyiez pas. Normal, vous estimez que toute la monnaie est du
crédit (sous entendu bancaire). Alors vous refaites la démonstration stupide qui
consiste à dire : si on re,bourse tous les crédits notés par la BCE, ca détruit
de fait toute la monnaie existente en Europe.
Ce qui induit que la monnaie n’est que crédit puisqu’elle détruite par le
remboursement de ce crédit.

La boucle est bouclée. On part d’un axiome non discutable, et on démontre cet
axiome.

« Mais qui accorde à cet l’établissement de crédit le droit de créer et prêter ces Euros qu’il n’a pas ? »

Vous allez rire : Personne. Il n’existe aucune loi donnant explicitement le droit de créer de la monnaie par le crédit. La création est issue du mécanisme de prêt d’argent n’existant pas. Or cela est autorisé du fait de la légalité des reconnaissances de dettes.

Un banquier prête de l’argent qu’il n’a pas, et obtient en contrepartie une reconnaissance de dette. S’il fait son boulot sérieusement, il n’accordera ce prêt que s’il pense que l’emprunteur sera à même de rembourser (garanties, revenus à venir, ou création de richesse en rapport avec le prêt proposé).

Autrefois, on prêtait les pièces d’or amenées par tous les épargants, tout en considérant les avoirs encore en stock (une sorte de clonage virtuel des pièces). Tant que les déposants ne viennent pas retirer leurs fonds d’un coup, le banquier peut attendre de récupérer tranquillement les pièces prêtées. une fois le remboursement total effectué, il est de nouveau en possession des pièces de ses déposants, de pièces supplémentaires correspondant à l’intérêt perçu sur le prêt, qui viendront gonfler son trésor de guerre, lui permettant de prêter un peu plus la fois suivante.

Maintenant, c’est plus facile, puisque ce ne sont que des impulsions électroniques. Comme on n’a plus besoin de prêter directement les espèces déposées par les clients, on « invente » les « pièces » électroniques que l’on prête. Puis on « désinvente » ces pièces sur remboursement.

La logique est la même, sauf que techniquement il n’y a plus de limite matérielle au mécanisme. Avant, les prêts étaient nécessairement limité par le stock de pièces disponibles - la réserve fractionnaire. Maintenant, on peut dupliquer à l’infini les bits constituant la monnaie.

Reste l’encadrement (le niveau de la réserve fractionnaire), la responsabilité du banquier, la loi pour les malversations, etc...

Si votre discours était « toute notre monnaie repose sur la croyance absolue en la responsabilité contractuelle », je vous suivrai les yeux fermés.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès