La dette publique, un problème surévalué, rarement analysé,servant aussi d’épouvantail
Un peu d’histoire...
-Pour réduire la dette, aidons les riches à (bien) dépenser leur argent
"...une
loi du 3 janvier 1973, loi voulue par Pompidou, alors président de la
République pour un an encore, et Giscard d’Estaing, ministre des
finances, opérait un changement révolutionnaire ou plutôt
contre-révolutionnaire dans le finances publiques.
__Son article 25 stipulait en effet que désormais « Le trésor
public ne peut-être présentateur de ses propres effets à l’escompte de
la Banque de France ». Cet article
interdisait désormais, dans un langage propre à ne pas être compris au
commun des mortels (y compris sans nul doute des députés de gauche de
l’époque qui ne déclenchèrent pas une tempête de protestations avec
manifestations géantes dans la rue), à l’État français, de s’avancer à
lui-même les fonds nécessaires pour combler son déficit budgétaire
éventuel (lequel serait réduit d’autant en fin d’exercice par
l’inflation) mais d’avoir recours pour ses besoins de crédit, comme un
particulier, aux banques privées qui lui feraient payer bien sûr des
intérêts !!!
__Certes pour les grandes dépenses, les relances économiques,
l’État avait dû déjà avoir recours par le passé à l’émission d’emprunts
qui s’étaient révélés très sûrs pour les prêteurs (ils étaient assurés
que l’État rembourserait, ne ferait pas faillite) et néanmoins juteux
pour les plus riches, puisqu’ils étaient souvent assortis de mesures
fiscales qui favorisaient justement le plus ceux qui payaient beaucoup
d’impôts.
__Le record en la matière avait été l’emprunt Pinay,
sous la quatrième République. Car sa valeur de remboursement était
indexée sur le cours de l’or. Comme celui-ci suivait au moins
l’inflation et flambait même dans ces périodes d’incertitudes que
constituèrent les guerres coloniales et la Guerre froide, ceux qui y
souscrivirent firent, au détriment de tous les autres Français, le plus
beau « coup » de leur carrière de spéculateurs.
__Devant le scandale que provoqua ce cadeau fait aux plus riches,
Giscard d’Estaing, héritier 20 ans après de l’emprunt pas encore
remboursé, ne fit ni une ni deux : il le prolongea encore, autant qu’il
était possible.
__La loi voulue par le plus
proche conseiller financier du général de Gaulle qu’était Pompidou (On
remarquera les trois premiers présidents de la cinquième République
étaient très impliqués dans cette situation) entraîna mécaniquement
l’explosion de la dette publique, c’est-à-dire de celle de tous les
Français. Elle était déjà de 229,15 milliards d’euros en 1979
(valeur actuelle après prise en compte de l’inflation sur 20 ans), et
représentait 21% du Produit Intérieur Brut (toute la richesse produite
par le travail des Français) en un an. En 2006, elle avait atteint 1
149,9 milliards d’euros, et représentait 63,9% du PIB !!!
Bien sûr, entre temps, il y avait eu le
ministère Balladur : désireux comme Giscard, Pompidou, de Gaulle et
autre Pinay, de favoriser leurs amis les plus riches par une fiscalité
allégée, sans cependant mettre dans la rue les travailleurs par
une austérité insupportable (et contre-productive pour l’activité
économique) l’ex-premier ministre avait ouvert en grand les vannes du
déficit budgétaire.
On aurait pu espérer que
l’Union de la gauche arrivant au pouvoir en 1981, supprimerait la loi
Pompidou-Giscard et permettrait de nouveau à la France de se prêter à
elle-même. Mais il était trop tard ! L’adhésion aux traités européens
l’interdisait déjà !
Depuis,avec l’adoption de la
monnaie unique (sauf pour les Britanniques, donneurs de leçons
économiques ... mais pour les autres) le système a été sur-verrouillé. C’est
désormais une banque indépendante se comportant comme une banque de
statut privé, la Banque Centrale Européenne qui contrôle le taux
d’intérêt de base sur lequel se fonde celui que doit payer l’état
emprunteur.
Or pour empêcher les particuliers
de trop emprunter ce qui paraît-il relancerait l’inflation, la BCE a
toujours fixé des taux directeurs d’intérêts les plus hauts. ce qui n’a
fait que faire exploser la dette. Avant
la grande crise actuelle qui ne fait que commencer, de bons esprits
préconisaient pour résorber cette dette, non d’augmenter les impôts
directs sur les plus hauts revenus pour améliorer le « pouvoir d’achat »
de l’État, mais par différents procédés de faire baisser les salaires
et les retraites et diminuer les dépenses publiques. Ce qui ne pouvait
manquer que tuer la demande et diminuer en cercle vicieux le PIB et les
revenus de l’État en même temps que cela augmentait le chômage
.Outre qu’en révélant son
étendue effrayante, la dette publique sert à « calmer » les légitimes
revendications des travailleurs (« Non seulement les caisses sont vides
mais en plus on doit de l’argent »), elle permet également aux banques
privées et leurs actionnaires, en ayant pour débiteur le plus sûr
client qui soit, à savoir l’État lui-même, de s’offrir une durable
rente de situation.
Elle compense en partie les pertes que leur
confiance irraisonnée envers leur maîtresse idolâtrée à tous,
l’économie américaine, leur a fait subir.La France a payé depuis 1980
1176 milliards d’euros d’intérêts. Sa dette actuelle s’élève à 1149
milliards d’euros. 1176 - 1149 = 27. Si la France se prêtait à
elle-même, au lieu d’une dette abyssale, elle se retrouverait avec 27
milliards d’excédents.