« Jean, je ne crois pas mettre l’enfant au centre du système soit une erreur, à moins d’avoir une vision de l’éducation basique : apprend à lire et compter et après démerde toi (cf réforme du système scolaire vu par JM Le Pen).
Je suggère à ceux qui n’ont pas essayé d’aller animer une séance en école ou en collège. La moité ne tiendra pas 10 minutes. Alors imaginez cela aux quotidien. Ce que dit l’auteur est intéressant parce qu’il vit le système de l’intérieur. Encore une fois la réalité valide sa théorie, pas la votre. »
(écrit par ixipe)
Cher ixipe, « mettre l’enfant au centre du système » ne signife pas du tout ce que vous croyez. Ce n’est pas, comme vous le pensez, « mettre l’enfant au centre des préoccupations des enseignants », car cela a toujours été le cas depuis que le monde est monde. Connaissez-vous en effet un seul enseignant qui n’ait pas pour préoccupation première que ses élèves soient les mieux formés possible à la vie, à part peut-etre quelques rares tire-au-flanc qui ont choisi ce métier pour les vacances et qui ne tiennent en général pas longtemps devant leur classe ?
Non, cher ixipe, « mettre l’enfant au centre du système » est une formule très technique, née dans les cervelles des pédagogistes il y a une trentaine d’année et qui signifie très exactement ceci : l’enfant doit construire son savoir par lui-meme dans le cadre du groupe social qu’est l’école, le professeur n’est plus l’adulte qui présente les connaissances à l’enfant et qui les lui explique, mais un simple accompagnateur, qui doit s’effacer le plus possible pour laisser l’enfant se porter spontanément vers le savoir. Ce que les pédagogistes appellent ici le « système », c’est l’ensemble « savoir- enfant-enseignant ». Vous comprenez bien que , dès lors, toute prétention de l’enseignant à transmettre d’autorité des connaissances à l’enfant est considérée par les pédagogistes comme une violence faite à celui-ci. Tout ce qui ressemble à un « cours » est immédiatement caricaturé et condamné par les pédagogistes sous l’appellation honnie de « cours magistral ». L’enfant doit tout découvrir par lui-meme, par exemple, à l’école primaire, les règles de grammaire, l’orthographe, la conjugaison des verbes. Un des pédagogistes les plus fervents comparait il y a une quinzaine d’années tout élève à un petit Champollion. Vous mettez devant lui les connaissances en fatras, pele-mele, et par la force de son génie scientifique, l’enfant y remet par lui-meme du simple. C’est en vertu de ces beaux principes que les écoliers qui entrent en 6ème ne savent rien ou presque. Remarquez que c’est tout bénéfice pour les professeurs de collège, puisque ceux-ci ont tout à leur apprendre et que c’est intéressant de structurer des cervelles vides ! Mais imaginez qu’au collège, les pauvres gosses tombent sur d’autres enragés de « l’élève au centre », notamment en français, où les pédagogistes ont inventé une autre façon de ne rien apprendre aux élèves pendant leurs quatre années de collège, la « séquence ». Ils sortent alors du collège en ne sachant rien, ce qui est arrivé à notre jeune et ignorante donneuse de conseils.
Remarquez au passage que le plus excité des pédagogistes, un certain Meirieu, leur maitre à tous, avait bien pris soin, tout en séduisant les naifs, mais de fuir le terrain lui-meme (c’était plus prudent !) puisque si vous allez sur con site (www.meirieu.com), vous vous apercevez que sa biographie est très discrète sur ses états de service réels comme enseignant ! Mais cela ne trouble pas ses disciples ! Il n’ a , je vous le signale, ni Capes ni agrégation, ce qui est un peu moche quand on prétend faire la morale à longueur de temps aux professeurs de collège et de lycée recrutés, comme vous le savez, par le Capes et l’agrégation.
Je résume : avec la formule « l’élève au centre », les pédagogistes ont voulu ruiner définitivement, croyaient-ils, le principe de la classe dans laquelle le professeur enseigne et les élèves s’instruisent, pour le remplacer par un aimable libre-service bordélique dans lequel , en fin de compte, les élèves n’apprennent plus rien. Je vous signale que c’est le reproche que les parents font aujourd’hui au système éducatif, à savoir que leurs enfants n’y apprennent plus rien de ce qu’ils devraient savoir (on le voit bien avec l’exemple de notre jeune amie Macabé) et que c’est la pagaille dans les établissements scolaires.Grande réussite des pédagogistes, qui voudraient meme en remettre une couche !
« Mettre l’enfant au centre du système » est donc, disons-le, la formule qui racole tous les médiocres, tous les démolisseurs. D’ailleurs, puisque j’y suis, je puis vous avouer que je n’ai trouvé dans le texte de notre amie que des considérations parfaitement vaseuses, et que c’est pour cela que je lui conseille, au lieu de vouloir refaire le monde, de se consacrer à apprendre ce qui lui manque, à commencer par la modestie.
J’en profite, comme j’ai une petite expérience de ce qu’est un collège, je puis vous faire une révélation : les élèves ne sont jamais plus heureux que lorsque le professeur leur apporte des connaissances précises, lorsqu’il est directif, lorsqu’il a de l’autorité et lorsque le silence règne dans la classe, bref lorsque le professeur est « professeur » et les élèves « élèves ». L’espèce de camaraderie guimauve dont reve l’excellente Macabé est très exactement ce que les élèves détestent. La meilleure façon de les respecter, c’est de les juger dignes d’etre instruits.
Et puis, quels sont les élèves qui souffrent le plus de la dérive pédagogiste, eh bien ce sont les enfants des classes modestes. Car vous n’etes pas sans savoir que le pourcentage d’enfants d’ouvriers dans les classes préparatoires ne cesse de diminuer. Comme ces enfants n’ont que l’école pour apprendre tout ce q’il est nécessaire de savoir pour réussir à y entrer, il est clair que s’ils fréquentent une école et un collège où transmettre les connaissances est devenu tabou, ils sont condamnés d’avance !
Vous connaissez peut-etre le conte allemand du joueur de flute de Hameln ? Eh bien, c’est une bonne parabole des dégats commis par les pédagogistes.