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Commentaire de Son Ôguste Insanité BADGURU Ier

sur Les origines phéniciennes de notre identité nationale


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S.Ô.I Shri BaBâd Guru Lashpâ Son Ôguste Insanité BADGURU Ier 19 février 2010 05:58


M. Mourey,

 

Il serait intéressant que vous ne forciez pas à me répéter à chaque fois, et que vous teniez compte des mes commentaires, arguments et/ou réponses et me répondiez avec la même clarté. De plus, laissez-moi le temps de vous répondre avant de me bombarder de questions allant dans tous les sens, et nous menant à chaque fois encore plus loin du sujet.

 

Bref, je vous réponds à nouveau, et j’espère qu’en faisant la synthèse de mes divers commentaires, vous verrez se dégager le schéma général qui ne concerne pas votre localisation de Bibracte (qui n’est pas le sujet sur lequel je continue à vous répondre) mais votre fantaisiste idée d’un foyer syropalestinien ou babylonien. Bref, continuons donc.


Nuerax en pays norique, à perpète de Marseille, par-delà les montagnes escarpées, je croyais que vous blaguiez. Non ! La phrase d’Hécatée est claire et nette. Hécatée caractérise notre région barbare en citant les villes importantes. Il ne pouvait pas ne pas citer Bibracte que je place au Mont-Saint-Vincent, à l’extrémité du couloir Rhône/Saône, et certainement pas une capitale norique lointaine que l’on cherche encore.

 

Non, M. Mourey la phrase d’Hécatée n’est ni claire, ni nette, d’autant plus qu’on ne sait même pas si keltikos ou keltoï ont bien été utilisé par Hécatée : je vous renvoie au commentaire l’évoquant : sur cette citation de Hécatée : elle est à prendre au conditionnel, et l’idée à retenir est : « Hécatée a peut-être… » .

 

Soit, à nouveau, je me répète d’Hécatée, je ne peux retenir que les dits Celtes sont au-delà de Marseille, soit au-delà de la Ligurie. Donc direction Nord. Pas plus d’indication.

 

Sur mon hypothèse norique et donc Noreïa ou Nurea, je ne vais pas me répéter mon commentaire l’a assez bien décrite. Je le rappelle, ce n’est qu’une hypothèse. De plus, lorsque je parle de la Norique, je ne suis pas aussi restrictif que vous : pour moi elle s’intègre dans l’espace danubien illyrien. Soit de l’espace balkanique à la plaine pannonienne.

 

Bon, je ne vais pas me répéter, et juste rebondir sur un des termes que j’ai utilisé dans cette hypothèse, sommairement exposée, à savoir celui de Noricus ensis, soit le fer norique.

 

En quoi remonter aux racines étymologiques du vocable fer dans les langues celtiques peut-il nous aider ?

 

Premier point : selon votre hypothèse d’un mouvement migratoire issu de l’espace syropalestinien, connaissant déjà la maîtrise du fer, nous devrions retrouver chez ces colons et leurs successeurs celtes une racine sémitique au mot « fer », et probablement dans les divers registres relevant de la métallurgie du fer : premier point : est-ce le cas ? NON.

 

 

La racine proto-celtique du mot “fer” est *sarno-  que nous allons retrouver sous la forme celtique  îsarno qui se déclinera dans les diverses langues du groupe celtique sous les formes : isarnodori ou isarnus ou isarno en gauloirs, hoiarn et houarn en breton et brittonique, haearn et haearn en gallois, iarn(n) en vieil irlandais, hoern ou horn en cornique, iarann en gaélique (Irlande), iarann ou iarrnaig en gaélique (Ecosse) et enfin yiarn en gaélique (Ile de Man).

 

Et sous les formes ultérieures : îsarn en vieux saxon, isern vieux frison et vieil anglais, isarn ou isan en vieux haut-allemand, îsarn en vieux norrois, et eisarn en gotique.

 

Qui nous ont donné les formes actuelles eisen en allemand, iron en anglais, jarn en feroe, izer en frison, ijzer en flamand, jern en norvégien, järn en suèdois, járn en islandais, jern en danois et enfin yster en afrikaans…intéressant ce dernier mot yster nous renvoyant au Danube.

 

Vu la proximité entre espace germanique et espace celtique et la diffusion rapide de la métallurgie du fer, nous ne pouvons définir avec précision le sens du transfert, soit du celtique vers le germanique, soit du germanique vers le celtique.

 

Par contre, en suivant les règles et mutations inhérentes au transfert/emprunt entre langues indo-européennes, et en remontant à la racine proto-indoeuropéenne *esH-r (*as-er, *es-er, *esH-er) soit le mot sang, il apparaît que ce mot soit passé aux langues pré-citées depuis une langue du groupe thraco-illyrien. Ce qui à nouveau nous renvoie à l’espace danubien.

 

(l’albanais actuel, langue la plus proche de ce groupe aujorud’hui disparu nomme le fer : hekur)      

 

A titre informatif :

Sur la racine proto-indoeuropéenne *esH-r (*as-er, *es-er, *esH-er), nous la retrouvons ainsi :

hittite : eshar, ishar , tokharien A et B : ysār,  yasar , sanskrit ásr̥k, asr̥jā, asnáḥ, postvédique asra- , arménien : ariun, vieux grec : éar, ẹ̄̂ar, ē̂ar, langues baltes : *asen-i, *asin-i, latin : aser

 

le plus intéressant est que notre mot acier (vieux français acer) nous renvoie à cette racine proto-historique après un long détour.

 

Bref…

 

Pour bien comprendre le principe :

 

Prenons un proto-groupe ethnolinguistique X à un temps t(0), le vocabulaire de ce proto-groupe nous renseignera sur l’environnement naturel, sur le degré technique atteint, sur les ressources connues, la flore, la faune, etc…bref sur ce que ce proto-groupe X connaît ainsi que son origine géographique (montagne, désert, steppe, forêt, littoral, plaine,etc...).

 

Passons à un temps t(1), de ce proto-groupe X sont issus, disons, les groupes A et B, chacun d’entre eux partant dans des directions différentes, et donc pour chaque groupe le vocabulaire évoluera, en se fondant sur la proto-langue X.

 

Maintenant disons que le groupe A évolue dans un environnement où se trouve, disons, des pommiers alors que le groupe B lui non. Le groupe A aura un nom pour « pommier », construit généralement sur une racine issue de la proto-langue des deux groupes. Pommier pourra alors se construire en référence au concept arbre, fruit ou bien encore à la couleur des pommes ou encore à l’action de cueillir si ce groupe n’est pas cultivateur.

 

Bref, le groupe B quant à lui comment nommera-t-il ce fameux pommier ? tant qu’il ne le rencontre pas, il ne le nommera pas. Disons qu’il découvre l’arbre pommier indépendamment du groupe A : il le nommera en construisant le mot de la même façon que le groupe A, nous retrouverons quelque soit la direction prise (en fonction des concepts arbre,fruit, de l’action de cueillir, de la couleur, la forme,etc…) une racine issue de la proto-langue X et nous pourrons ainsi savoir que le groupe B a nommé le dit pommier sans emprunt à la langue A et en se fondant sur l’éloignement ou la proximité avec la proto-langue X, laquelle des formes A ou B est la plus ancienne, donc même si groupes A et B nomment indépendamment l’un de l’autre l’arbre pommier, nous serons quel groupe l’a rencontré en premier.


De même, si par le biais de migration le groupe A apporte le mot pommier à la langue B, que celle-ci l’adapte ou ne fait que l’emprunter, nous serons capables de déterminer chronologiquement : qui du groupe A ou B a rencontré en premier ces fameux pommiers.

 

Avez-vous compris ?

 

Exemples faciles : tomate et café. Il me semble que vous comprendrez aisément l’aspect chronologique des transferts/emprunts de ces mots par des groupes humains n’ayant jamais rencontré ces végétaux dans leur environnement.

 

 

Et c’est ainsi que nous pouvons déterminer que le mot « fer » dans les langues celtiques est bien issu d’un groupe indo-européen X ou proto-indoeuropéen situé dans l’espace danubien ou étant entré en contact avec les groupes de langue proto-celtique ou groupes celtes quelque part en Europe centrale ; que ce groupe X maitrisait la métallurgie du fer avant les groupes proto-celtique ou celtes à qui il l’a soit transmise, soit permise (initiation, enseignement, échange, migration, assimilation, etc…).

 

Ce qui à nouveau remet en cause vos hypothétiques foyers syropalestinien puis bourguignon.

 

Je m’arrêterai là pour l’instant, vous ayant, me semble-t-il, déjà fourni assez d’éléments et pistes de réflexion.

 

Sur ce…

 

Cordialement,

 

 

 

 

 

 

 


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