Soit continuons, encore…Maintenant avec un objet encore plus emblématique que ceux déjà cité et qui à la simple vue nous renvoie au monde celtique : à savoir le Chaudron de Gundestrup, datant vraisemblablement du Ier siècle avant JC soit donc l’âge de la Tène tardif. Où le retrouve-t-on ? Au Jutland, soit dans l’espace germano-nordique.
D’un sur la technique d’orfèvrerie utilisée : à qui nous renvoie-t-elle et vers où ? la technique utilisée ne correspond à celles que nous connaissons chez les Celtes : pourtant ce chaudron est bien emblématique de la culture celtique (et de sa religion) : la technique utilisée nous renvoie à nouveau vers l’espace danubien (et thraco-illyrien), et à cette époque précise vers le groupe identifié des Thraces.
Continuons donc : à première vue, nous sommes tellement habitués à assimiler cet objet au monde celtique que les motifs qui s’y retrouvent nous les font considérer automatiquement comme celtiques.
Et pourtant, en y regardant de plus prés : nous nous retrouvons bien loin du monde celte : a priori au départ rien ne permet d’y voir une œuvre thrace : pourtant des indices en allant crescendo nous mène vers la culture thrace et encore plus loin vers l’Est…encore une fois !
Indice généralement ignoré : les lacets que l’on retrouve dans la représentation de Cernunnos : origine thrace
Les représentations de figures de griffon qui nous renvoient à nouveau vers l’espace thrace (vase d’Agighiol, 4ème siècle avant JC) et encore plus à l’Est puisque les premières représentations apparaissent en Asie Centrale. Si nous y ajoutons les figures éléphantines, nous nous retrouvons avec des motifs déjà connus et d’origine thrace que l’on retrouve sur la phalerae du site de Stara Zagora (soit app. 6/5ème siècle avant JC) et bien entendu les éléphants ne se trouvaient pas dans l’espace celtique mais plus à l’Est, cette fois encore. La figure aux bras croisés nous renvoie à nouveau vers la steppe pontique, une représentation similaire a été trouvé sur le site d’Orlovo.
Passons à des éléments encore plus pertinents : toutes ces représentations
d’animaux hybrides (ex : serpent cornu) sont rares en art celtique, par
contre ces motifs se retrouvent à foison dans les cultures thraco-cimmériennes, scythiques et eurasiennes. Figures hybrides
que l’on retrouve aussi sur le Schnabelkanne du site latènien de Dürrnberg
bei Hallein. Ou bien
encore sur des objets plus anciens, issus de la culture de Vekerzug (soit Halstatt B)
de l’espace danubien (plaine de Pannonie), (elle-même liée à celle de Mezocsat) et qui à nouveau nous font
apparaître un axe de diffusion Est-Ouest :
puisque a)ces cultures nous renvoient au peuple nomade des Sigynnes, que votre Hérodote préféré assimilait aux Mèdes et que d’autres auteurs antiques associent aux Sarmates, peuple se déplaçant avec chars et chariots (cela ne vous rappelle-t-il rien ?)et b) les tombeaux de la culture de Vekerzug (Halstatt) nous permettre d’établir un axe Est-Ouest à nouveau entre espace scythique occidental (espace pontique) et monde celtique : elles nous renseignent sur un développement accru du commerce de textiles depuis l’espace scytho-pontique occidental vers l’espace celtique.
Attardons-nous un peu sur ce peuple des Syginnes : que l’on peut intégrer à ces fameux groupes thraco-cimmériens : en effet, ce peuple est considéré comme un peuple iranien, scythique voir pré-scythique issu de l’espace caucasien, (la génétique confirme cette origine) nomade et spécialisé dans la métallurgie du fer et le commerce. Nomades, ils reliaient l’espace germano-celtique rhénan et la Méditerranée (réputation de marchands confirmés par les Ligures qui associaient le vocable syginne à tout marchand (vocable passé dans la langue allemand sous la forme zigeuner qui désigne les Tziganes : un autre peuple issu du monde indo-iranien, nomade et spécialisé à une époque dans le travail du fer).
Continuons, afin que peu à peu, vous saisissiez ce que furent ces groupes thraco-cimmériens.
Revenons à nouveau au chaudron de Gundestrup et aux motifs qui s’y retrouvent : notamment cette figure de dieu imberbe, reconnu comme étant une représentation de Cernunnos, figure imberbe contrastant avec les autres dieux représentés avec barbe. A quoi celà nous renvoie-t-il à nouveau ? Encore vers l’Est, et trés loin dans le temps…puisque une figure similaire a été retrouvé dans l’espace indien : culture de Mohenjo-Daro , sans compter la posture bouddhique de cette représentation, qui témoigne bien d’une influence du monde indo-iranien.
L’ambiguité sexuelle de cette figure du Cernunnos imberbe nous renvoie vers le monde indo-iranien, le domaine scythique et les pratiques chamaniques&tantriques
Sur le monde indo-iranien, cette représentation nous renvoie à une antique caste particulière d’hommes travestis, usant de cette posture yogique dans des pratiques magico-rituelles reliables au tantrisme.
De la même façon,
Hérodote nous renseigne sur l’existence chez les Scythes d’une caste
particulière, celle des Enarées, des hommes-femmes ( énarée est issu de l’iranien
*a-narya soit non-mâle), caste exerçant soit la prêtrise, soit la divination ou
bien encore faisant office de sourcier. Ce qui nous place dans une tradition
antique eurasienne, entre le tantrisme et le chamanisme : puisque d’autres
groupes de ce type existaient au sein des sociétés de l’Age du Fer de la steppe
eurasienne.
A nouveau nous avons un axe Est-Ouest, où influences scythique, indo-iranienne et eurasienne se mêlent. Et qui se retrouve représentée sur un chaudron retrouvé au Danemark, je vous rappelle.
La représentation de Cernunnos imberbe nous renvoie donc probablement à une figure divine vénérée par les artisans thraces, peut-être eux-mêmes appartenant à ce type de caste.
Pour conclure : hypothèse théorique sur l’évolution des groupes thraco-cimmériens :
Nous les voyons dés le Néolithique assurait le lien entre espaces ponto-caucasien (dans une perspective plus large espace eurasien) reliés aux espaces indo-iraniens et anatoliens (sur un axe transcaucasien). Ils sont alors des groupes de cavaliers/guerriers nomades qui s’imposent ou sont assimilés par les groupes autochtones, ils permettent la diffusion de l’Age du Fer en initiant Halstatt.
Suite à cela, face à la diffusion continentale de la métallurgie du Fer, ces groupes thraco-cimmériens évolueront peu à peu du statut de caste guerrière/équestre vers celle de groupes de marchands/artisans/forgerons (sans doute considérer l’aspect religieux : la caste des forgerons a toujours eu une fonction sacrée&tabou ainsi qu’une dimension ésotérique&magique) et continueront de diffuser jusqu’à une certaine époque des pratiques&techniques issus des espaces ponto-caucasiens et indo-iraniens.
Vous pourriez voir chez les Tziganes, Gitans, Roms, etc…(nomades, roulottes, artisans, forgerons, dresseurs de chevaux, diseuses de bonne aventure…) certaines similitudes, depuis l’espace indo-iranien jusque la très celtique Irlande.
Je vous éviterai les recherches qui voient dans la formation du mythe nordique des Aesirs, une référence à une migration/invasion de groupes cimmériens (perçus comme intiateurs&civilisateurs et qui nous renvoie alors aux migrations PIE dans cette aire) ; ou bien encore celles qui relient ces derniers aux Cimbres (Jutland-Chaudron de Gundestrup/ thraco-cimmériens) ou bien encore aux Sicambres.
Sur ce, je ne peux que vous inviter à combler vos lacunes et à faire vos propres recherches, la documentation sur les groupes dits thraco-cimmériens ou pré-scythiques
est très importante, cependant bien que leurs traces se retrouvent dans tout l’espace continental européen : la recherche dans ce domaine est peu développée en France comparativement à l’Allemagne ou l’Autriche ainsi que les pays slaves (espace carpatho-danubien et balkanique, Europe orientale).
Je vous invite aussi à combler vos lacunes dans les divers domaines autant de la linguistique que de l’archéologie ou de l’histoire des religions, afin de bien comprendre que les fantaisies historiques de M Mourey que vous relayez ne tiennent pas dés que l’on s’attache aux faits et aux faits uniquement : rien de sémitique en Bourgogne, rien de sémite dans le monde celtique…la génétique, quant à elle, nous confirme aussi une fixation centre-européenne des groupes proto-celtes, avec un foyer situé dans l’aire de Halstatt, où se déroulera l’ethnogénèse des peuples dits celtes et d’où partiront ces divers groupes et non pas à Bibracte ou de Canaan…
Sur ce, ce fil arrivant à prés de 200 commentaires, et estimant y avoir assez participé et fourni assez d’éléments contredisant les thèses fantaisistes de M. Mourey, ce commentaire sera mon dernier : n’espèrant plus une réponse argumentée ou des objections fondées sur autre chose qu’un délire nourrie par des interprétations toujours plus fantaisistes les unes que les autres…
Cordialement,
28/02 23:36 - samosatensis
Monsieur Mourey n’a toujours pas plus de rapport à la réalité, ni de honte de continuer (...)
22/02 19:33 - Son Ôguste Insanité BADGURU Ier
@antenor Complément d’information : Voilà la datation acceptée et validée pour (...)
22/02 18:35 - Antenor
@ Badguru Nous ne sommes sans doute pas près de nous entendre sur ce sujet tant nos approches (...)
21/02 18:46 - lejardindesdelices
@Vilainguru, Moi zaim bien vos big-commentaires qui rendent passionnant le fil des articles (...)
21/02 11:40 - Son Ôguste Insanité BADGURU Ier
bahhhh...petit mouss’tillant....tant d’indulgencitude me CONbleûhhhh...ze reConné (...)
21/02 11:20 - rocla (haddock)
Oh Maître Ôguste Insanitant et Plus Clément Fulgurant et Gigantesque , En ce jour de dimanche (...)
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