Que d’erreurs de jugement et de comdamnations vite expédiées. Je vais suppoder que vous êtes sincere et vous répondre :

« Mais, me direz-vous, comment ai-je pu croire que la démocratie, la vraie démocratie, - et non pas ce défouloir des instincts bestiaux et de la bêtise humaine, cette foire cathartique où l’on injurie à tout-va et en toute impunité - pouvait triompher grâce à cette invention dont on fait tant de cas, Internet ? »
Internet est le reflet de la société, avec ses forces et ses faiblesses. Le monde est plein d’intolérances et de préjugés. Elles s’y retrouvent sur Internet. Mais il y a aussi des gens intelligents, civiques et respectueux. Internet n’est que le reflet de la société. Le diaboliser n’a pas de sens.

« En réalité, je ne l’ai jamais cru : j’ai simplement voulu endiguer la ruine de la civilisation par des écrits salvateurs, »
Pure illusion. Sur Internet comme ailleurs, il ne suffit pas d’écrire quelques articles pour changer le monde. Il faut se retrousser les manches et rester humble. On ne change pas le monde, mais on change le rapport qu’on a avec lui. Et c’est la meilleure manière de le faire avancer.

« j’ai voulu faire en sorte que l’ »Homo economicus« soit de nouveau un être humain à part entière : on ne m’a pas écouté. »
Ce n’est pas internet qui déshumanise le monde, mais la société technocratique, uniformisatrice, stressante et soumise au matérialisme le plus ras-du-sol. Internet n’a rien à voir là-dedans.

Loin de promouvoir le rassemblement des citoyens, il les isole derrière des « écrans »
Oui et non. Rien n’empêche les gens de participer à la vie de la cité. Internet leur permet de disposer de plus d’outils pour y participer intelligemment.
Le vrai risque est l’addiction, mais cela existe aussi avec la télé, par exemple.

« En prétendant favoriser la démocratie par la liberté d’expression qu’il accorde à chacun, il a contribué à déconstruire le débat politique, de telle façon qu’un jeune citoyen ne voit plus guère de différences entre droite et gauche. »
Le débat s’est déconstruit de par l’arrivisme politicien généralisé, et le martellement par les médias de thèses officielles, ainsi que par la critique partisane et à sens unique de tout le reste. Rie à voir avec Internet, qui permet au contraire d’éclairer le débat.

« en deux mots, la déshumanisation progressive des hommes. »
Ca n’a rien à voir avec Internet. L’individualisme ne date pas d’internet, mais d’avant et d’autre chose. Et moi, je vois au contraire beaucoup d’humanité sur internet, à tous les sens du terme. Et même trop.

« ce flux intense de stimuli divers et variés qui ne cesse jamais capte l’attention des individus en les arrachant véritablement à leur raison. »
La télé de ce point de vue est bien plus abrutissante. Rien ne vous oblige à subir un flot de stimuli. Au contraire, vous choisissez ce à quoi vous vous intéressez.

Aujourd’hui, tout passe par Internet, et c’est pourquoi nous parlons de déclin de la civilisation. J’ai moi-même pendant un temps voulu tester ce média (à travers mes articles sur Agoravox) et j’ai vu l’ampleur de la catastrophe qui se prépare pour les générations à venir.
La communication directe entre les individus est un formidable vecteur d’émancipation, y compris contre toutes les dictatures, propagandes, préjugés. C’est un outil de l’avenir, pour une nouvelle société, même si l’ancienne doit d’abord finir.
Mais évidemment Internet n’est qu’un outil. Il ne résout rien en lui-même.

« Je n’écrirai plus d’articles sur Internet, et je n’aurai de cesse de défendre la presse généraliste, qu’avale petit à petit ce monstre dont j’ai décrit le mode de fonctionnement. »
La presse généraliste a fait plus que n’importe quoi d’autre pour abrutir les masses, les manipuler et les tromper. La presse a toujours été un instrument de domination pour les pouvoirs politiques et économiques, et aujourd’hui plus que jamais.

Me dites pas que vous allez rejoindre BHL....