Soulevons le voile pour définir l’argent entre diabolisation et spiritualisation.
Pour réorienter autrement les flux monétaires, une réappropriation publique et sociale de la monnaie est nécessaire
Pour certains, l’argent prends l’apparence du mal, du lucre, de la
finance maudite, pour d’autre il est amour, énergie vitale. Il y a
certes l’argent de la drogue (1), l’argent de l’économie souterraine ,
celle cachée dans les paradis fiscaux. Il y a aussi l’argent qui va aux
soins de santé, pour la culture, pour l’éducation nationale, les
services publics. Ainsi, pour Christian Cotten (2) l’argent n’est rien
moins qu’une « métaphore de l’amour » ! Faut-il haïr l’argent ou faut-il
l’aimer tel Picsou ? Ni l’un ni l’autre. N’en déplaise à cet ouvrage
« spiritualiste » (1) soucieux de promouvoir une "économie de la
compassion", une économie bancaire élargie, plus humaine et plus
citoyenne (un peu).
Ni monnaie de singe, ni monnaie de sage,
l’argent prend l’apparence d’un intermédiaire, d’un moyen d’échange.
Wikipédia (3) ajoute la fonction d’unité de compte pour la comptabilité
et la fonction de réserve de valeur. C’est plus complet. Mais s’en
tenir là c’est encore en rester à l’apparence « positiviste », au sens
commun. La perspective scientifique-critique implique de soulever le
voile de la monnaie circulant sur les marchés de consommation . Les
rapports sociaux du capitalisme font que l’usage de l’argent est fort
différent selon notre place dans ces rapports.
La vérité de la monnaie à lire Jean-Marie Harribey est triple, elle un instrument d’accumulation privée, une construction sociale et un bien commun.
Voilà qui nous éloigne des visions entre satanisation et culte
fétichiste. Marx désignait sous le terme de fétichisme de l’argent sa
capacité symbolique de cacher les rapports sociaux . De ce point de
vue, l’argent est une institution sociale efficace. Bien que sans
valeur intrinsèque, l’argent permet d’un côté l’exploitation d’une
classe sociale par une autre mais de l’autre il sert de lien social
aussi bien dans une économie marchande que non marchande. Les services
publics offrent des prestations tarifées via la monnaie, sauf gratuité.
Comme intermédiaire des échanges, l’usage de la monnaie permet aussi
bien l’achat de produits matériels ou de services immatériels.
Sauf généralisation du troc, il s’agit d’un bien public nécessaire. Il
importe d’en contrôler sa création et son affectation afin d’éviter les
détournement de flux vers la finance au détriment des investissements
et d’un alterdéveloppement fondé sur la promotion de la valeur d’usage
avec maintien circonscrit de la valeur d’échange. Ce qui implique un projet global à trois étages :
1 ) La nécessité de nationaliser de nombreuses banques privées
2) de créer un pôle public bancaire et financier (autour de la Caisse des Dépôts et Consignations).
3) de réintroduire une planification démocratique.
Pour la réussite de l’entreprise il importe qu’une transcroissance
politique ait lieu au plan européen. Il en va de la sortie de crise et
du succès de la perspective socialiste. L’horizon de notre temps ! Un
monde plus humain, au service de l’humain ne saurait s’accommoder de la
logique du profit, du concurrentialisme et de la propriété privée des
moyens de production.
Christian Delarue