Bonjour Docdory ! Et merci pour cette nouvelle réponse qui apporte de nouveaux éléments, et à le lecture de laquelle je m’aperçois que nos avis vont finalement souvent dans la même direction… Seuls divergent des points de détails qui nous paraissent cruciaux à nous, et très accessoires à vous. (Et c’est très compréhensible, puisque vous n’êtes pas, vous-même, transsexuel).
Comme vous l’imaginez, (et le constatez) je suis, comme vous, particulièrement attachée au principe de la liberté d’expression. A condition bien sur que cela se fasse respectueusement, ce qui semble malheureusement ne pas être une évidence pour tout le monde sur ce site. Bref, passons sur ce point particulièrement fatiguant.
1 . Vous soulevez un point intéressant. Je ne m’étonne pas que la ministre trouve cette ALD « stigmatisante », et vous donnez plus loin la réponse à votre propre question, en écrivant : « sauf à considérer qu’il y ait des maladies honteuses ».
Le transsexualisme (une fois de plus, à l’instar de l’homosexualité, même si ça n’a rien à voir) est considéré comme un état « honteux », voir « méprisable », aux yeux de certains. (cf. commentaires). Le fait d’EN PLUS le pathologiser rend effectivement la chose extrêmement stigmatisante.
Un exemple simple : Lorsqu’une trans se présente à un entretien d’embauche, on lui demande sa carte vitale. (La plupart des employeurs découvrent l’affection longue durée 23 qui y figure.) Si ces employeurs se réfèrent à l’ensemble des pathologies mentales représentées et décrites dans cette ALD 23, (puisqu’il n’y était pas simplement question de transsexualité, mais de nombre d’affections psychiatriques sans aucun rapport) il y a fort à parier qu’ils décident de ne pas employer cette personne.
La (le) candidat(e) était pourtant en pleine possession de ses moyens mentaux et parfaitement capable de discernement ? Elle (il) ne représente aucun danger pour l’entourage, et a besoin de travailler comme tout le monde ? Voila un petit exemple, parmi tant d’autres, qui fait que cette ALD est perçue comme handicapante.
Que ce soit Me Bachelot qui décide de cette déclassification est un autre sujet sur lequel je vous rejoindrai volontiers si je n’étais pas moi-même dans le bateau de la transidentité ! Je salue le geste de notre ministre, mais il eut été certainement préférable que ce retrait du DSM soit amené par les différents médecins et psychiatres qui remettent en question que le transsexualisme soit une pathologie… (Cela aurait apporté sans doute plus de poids, de crédibilité et moins de polémique autour du sujet).
Une fois de plus, nos avis ne sont pas si différents ; seuls les points de vue desquels nous les abordons en déforment notre perception.
2 . Votre second paragraphe est excellent sous tout rapport, et m’a aidée à un peu mieux comprendre la position qu’adopte parfois le milieu médical. Je vous remercie pour ces éclaircissements utiles.
Je conçois que votre profession n’ait pas envie d’avoir de comptes à rendre à un grand manitou quelconque. Cela serait en effet stigmatisant. Alors vous imaginez certainement mieux la position des personnes transgenres qui ont précisément et en permanence des comptes à rendre à des tiers, alors qu’elles ne demandent qu’à vivre leur identité librement ? (Tout comme vous demandez à exercer votre métier librement).
Tout cela est fort légitime.
Je citerai l’une de vous phrases que j’approuve à 100% docteur : « Ce que je veux dire , c’est que la médecine n’est pas , et ne sera jamais une science exacte . C’est une science probabiliste, et aussi un art, dans l’exercice duquel on doit mettre en balance le pour et le contre des décisions. »
(Nos avis se rejoignent une fois de plus, et une fois de plus, seuls diffèrent nos points de vue.)
3 . Vous abordez un point délicat ; cet aiguillage est prévu (et très controversé) par les recommandations de la HAS, que vous trouverez dans un rapport récent, datant d’avril 2009. Il existe à ma connaissance en France 4 équipes pluridisciplinaires, auto-proclamées « officielles », situées aux 4 points cardinaux du pays.
Comme vous l’avez observé, 4 équipes de « spécialistes » sont indiscutablement insuffisantes, et peu accessibles (au sens propre) pour les personnes concernées qui désireraient passer entre leurs mains.
La HAS préconise donc en fin de rapport la création d’autres équipes spécialisées de ce type, mieux réparties et ainsi mieux accessible. Le problème que cela soulève est que ces « spécialistes » (finalement peu expérimentés du fait que la population trans française est infime) n’a pas besoin de diviser encore ses « compétences ». Un chirurgien français pratique 10 à 15 opérations de réassignation sexuelle par an, là ou les chirurgiens thaïlandais (par exemple) en pratiquent 200.
Leur compétence, et le taux de réussite, résulte indiscutablement de leur expérience.
Multiplier le nombre de chirurgiens en France ne ferait donc que diviser encore l’expérience des équipes française (et donc, leur compétence.)
Je ne sais pas si ces éléments vous auront été utiles, sans doute les connaissiez-vous déjà en fait...
Je vous remercie encore Docdory, pour ce dialogue toujours intéressant et enrichissant ! Au plaisir de vous lire !
17/05 01:16 - Natacha
Très amusant, c’est là que l’on touche du doigt la méconnaissance profonde des gens (...)
04/05 21:19 - Laurène
11/03 11:56 - Krokodilo
Très bon article dans le dernier Courrier international sur la question du DSM. Je ne le lis (...)
05/03 16:57 - emma
@ docdory « Il y a effectivement plusieurs affections entraînant un état intersexué ( donc » (...)
05/03 10:30 - docdory
@LT 25 Sur le même thème , il y a le roman de science-fiction plus classique « Venus plus X » (...)
05/03 10:07 - docdory
@LT25 Il y a effectivement plusieurs affections entraînant un état intersexué ( donc « (...)
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