Vincent Humbert était un jeune homme devenu tétraplégique après un accident de la route. Son affaire a soulevé de nombreux commentaires face à son désir de mourir, l’euthanasie étant interdite en France (voir wikipedia)
Toutes les citations entre guillemets sont extraites du livre de Vincent Humbert, dédié à sa mère, Je vous demande le droit de mourir.Éd. Michel Lafon.
article d’Anne-Sophie Benoit à propos de Vincent Humbert, intitulé Euthanasie, l’extrême-onction de l’Etat
Crever. Et surtout crever vite et bien. Quitter la planète. Comme la plupart de ses congénères, Vincent Humbert ne souhaite qu’une chose : crever ! Il se traîne comme une larve toute la journée, gémissant ce que les déprimés du métro répètent sur tous les tons : « Tout me fatigue, je suis usé, lessivé, crevé. » ; « Je suis dégoûté par cette vie. » Il y a quelqu’un là-dedans ? Non. Vincent Humbert, lui non plus, n’habite pas son corps. Humbert marche à côté de ses pompes. Il trimballe son corps comme on porte une valise encombrante. Il hait son corps. Il ne peut pas le voir en peinture : un corps de « légume racorni » ; « une tête de débile ». Un corps moche, repoussant et inapte. Il est un lombric. Sa famille le reconnaît à peine et sa petite amie s’est fait la malle. Il ne sera pas ce qu’il a rêvé d’être. Fini l’amour. Il ne baisera plus. Son corps, au fil des jours, est devenu son pire ennemi car son corps, lui, bande encore. Les cellules se renouvellent joyeusement et se foutent bien des états d’âme morbides d’Humbert. Son corps a vingt ans. Son corps veut vivre. Il s’accroche solidement à lui comme un frère siamois.
La nuit, il entraîne ce corps dans des apnées abyssales mais au bord du trou noir, toujours, ses poumons reprennent le dessus et aspirent l’air goulûment. Comme ses poumons, ses mains non plus ne veulent strictement rien entendre. Elles refusent de l’étrangler. Ses mains ne peuvent pas saisir une arme et appuyer sur la détente : son corps refuse de lui obéir. Vincent Humbert veut crever mais, comme beaucoup de gens [voir encadré], il est strictement incapable de se suicider.
Humbert est seul avec ce corps qui a décidé de vivre. Pas de rails de coke pour l’oublier, pas d’anti-dépresseurs pour le supporter. Non… Il veut le crever définitivement ce sale corps : il rêve du « bouillon de onze heures ». La potion magique. La Mort en trois coups de cuiller à pot. L’injection de trop. Celle que distribuent, chaque soir, les infirmières aux malades en phase terminale, ceux dont le corps crève à petit feu. Mais Vincent n’y a pas droit car son corps — cette saleté, a définitivement décidé de vivre. Il ne supporte plus ces médecins qui ne veulent pas le crever mais qui restent incapables de le rendre à la « normalité »
Preuve évidente de l’incompétence de la Science. Il hait Dieu qui n’a pas bien répondu à son propre petit cahier des charges. Preuve lumineuse, en Occident, que Dieu n’existe pas. Il commence sérieusement à haïr sa mère, qui s’évertue grotesquement à faire mine de l’aimer entre deux ménages. Vincent Humbert hait la terre entière mais il n’est pas un nihiliste : il adore l’État. L’Etat et ses droits. « C’est mon choix » ; « c’est mon droit » râle Titi en choeur avec tous les manifestants de sa démocratie. C’est son choix : « Je veux mourir ».
Le grand « geste d’amour » de Marie Humbert est une véritable partouze. La presse entière connaît l’heure du crime, l’heure de la mort est un anniversaire : deux ans jour pour jour depuis que l’« anormalité » a atteint le corps dudit Vincent Humbert. L’éditeur, l’avocat, la famille, l’association, la France entière appuie sur la détente avec elle mais la mère hésite au dernier moment. Son corps à elle hésite : c’est la chair de sa chair. Sa chair ne veut pas mourir. Elle finit par louper son fils. Une prouesse ? Un sursaut de dignité ? Non ! Elle rate son fils sciemment. Le fils comate en réanimation. La presse s’agite. Coup de fil de la préfecture : débranchez ! Le médecin s’exécute. Vincent Humbert est mort. La mère est sauve. Nous sommes tous saufs : l’État l’a tué.
13/10 12:30 - tatielily
desolée je e suis trompée de lieu je prlait bien sur de l’article sur le Big (...)
13/10 12:26 - tatielily
alors là j’en reste baba que l’on ais pu fabriquer un tel plat alors que nos (...)
10/03 07:52 - Antoine Diederick
Bonjour, reviens sur ce texte car hier soir tout en le relisant ainsi que les commentaires qui (...)
09/03 22:03 - Antoine Diederick
au Péripate, « réac.... » ce n’est pas le terme approprié, aux temps pour (...)
09/03 14:11 - jack mandon
@ Jaja A entendre et comprendre l’autre au premier degré on devient susceptible. (...)
09/03 10:22 - A.S BENOIT
Bonjour à tous, Merci vraiment pour tous les commentaires et les liens qui ont été donnés. (de (...)
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