Bien meilleur papier que le précédent, Caleb. Vous en conviendrez...
E. Zemmour est érudit, certes. Personne ne peut lui contester au moins cela. Mais cette érudition tourne bien souvent autour de son nombril, et cela ne suffit pas ni n’autorise à proférer n’importe quoi ! Il appartient sans doute aux « têtes bien pleines » (et sa culture, il nous en tartine, comme la confiture, vous savez ?...) alors que nous manquons tant de « têtes bien faites », qui ne peuvent être qu’un équilibre entre la raison et le cœur... Sa rhétorique, on la connaît. Il n’en changera probablement pas, puisque hélas, il a ses fans p-ê plus nombreux qu’on ne pourrait le penser...
Passons donc, sur cet individu, somme toute, peu reluisant (mais, ils sont nombreux dans les médias !) et dont on a vite fait le tour.
Vous avez raison de mettre l’accent et d’insister sur un point central des rapports humains dans les sociétés d’aujourd’hui : le racisme. Conscient et inconscient (pcq je pense qu’il existe aussi de manière inconsciente)... Nos sociétés sont enrichies par l’immigration et bien peu de citoyens s’en rendent compte. L’immigration est vécue par beaucoup comme une marée, une déferlante qui viendrait nous « prendre » nos biens, nos valeurs, nos repères, nos traditions et que sais-je encore... (tout cela étant soigneusement entretenu par des médias plus que complaisants !) alors qu’elle est le mouvement même de la vie, comme vous l’indiquez en d’autres mots, depuis des siècles... Pas besoin de remonter à des milliers d’années, pcq cela rend le débat inaccessible et flou... et personne n’y était pour pouvoir affirmer que c’était comme cela plutôt que comme ceci... Restons à notre époque, qui donne à certains (plus qu’à d’autres) l’occasion de voyager comme jamais, d’aller à la découverte des autres, de leurs rites et coutumes, de leurs différences, de leurs cultures... non pour affirmer la supériorité de la nôtre (quelle qu’elle soit, du reste !) mais pour nous enrichir de l’échange, de la diversité, de l’inédit, ... Et construisons ainsi nos « identités » multiples !
Il y a les voyages choisis... mais aussi, ceux qui tiennent de l’urgence. Et la démarche n’est bien sûr pas la même. Quand on vit dans un pays de misère (pcq la plupart du temps, exploité par un néo-colonialisme qui ne dit pas son nom et se travestit sous des logos d’entreprises) le seul objectif est de se sortir de sa condition. Qui ne ferait pareil !? En même temps, s’il est clair que les pays nantis ne peuvent prendre toute la misère du monde (pour paraphraser M.Rocard), ils devraient au minimum être conséquents avec ce constat, et travailler dès lors à d’autres types de rapport avec les pays qu’ils s’obstinent à exploiter pour leurs matières premières ! Il s’agit donc de politique, et toute solution ne passera que par de profonds changements politiques dans nos pays. Et ces changements politiques ne seront possibles que si les mentalités citoyennes évoluent, pour enfin arrêter de déléguer nos choix à des « représentants » qui de plus en plus souvent ne nous représentent plus ! Nous pouvons constater tous les jours que les choix qui nous sont imposés ne nous conviennent pas, tant au niveau national qu’européen, voire mondial (cfr. la guerre en Irak). Il convient donc de travailler aussi et pour commencer, au changement des mentalités...
Par ailleurs, ainsi que l’écrit un internaute, la question qui traîne au fond des consciences est celle du repentir. Selon ce qu’il écrit, il lui semble que la « repentance » ne le concerne pas, pcq les faits incriminés ne seraient pas de son époque... Tout le monde connaît cet argument, mais il ne tient pas et risque bien de cacher autre chose. Je pense au contraire que si nos prédécesseurs n’ont pas eu le courage de reconnaître leurs erreurs, c’est à nous qu’il revient de faire ce travail de prise de conscience, et de nous solidariser avec ceux qui aujourd’hui souffrent encore et toujours de ces sombres périodes de l’histoire européenne, pcq’ils en sont les descendants. En outre, comme je l’indiquais, l’exploitation des pays du Sud continue bel et bien. Seules les formes ont changé, mais le fond reste identique. Et cela nous concerne donc au premier plan, puisque cela se passe toujours de nos jours et sous nos yeux !
Il n’y a pas d’autre voie que pour devenir un citoyen adulte responsable, que de passer par là. Il ne s’agit pas de se sentir « coupable » il s’agit de devenir « responsable »... et de l’assumer pleinement, enfin !