Et c’est reparti pour un tour de dialogue de sourds. Les caricatures volent bas.
Zemmour balance les approximations historiques et les clichés avec une absence de vergogne déconcertante. Sa pensée est épidermique, sans plus. Les arabes et les nègres sont communautaristes (c’est normal, ils ont du mal à sortir de leur tribu, ils descendent à peine de l’arbre) et sont à l’origine du mal profond de la France et ne nos sociétés occidentales : le trafic de drogue et la petite délinquance. Même chose que les noirs aux USA qui ont beau être là depuis le début de leur histoire, mais qui squattent toujours le meilleur des geôles américaines. Un question de race, bien sûr, une incapacité atavique à s’adapter aux lois du marché, de l’offre et de la demande.
Accessoirement, le communautarisme asiatique ne gêne pas trop. Pourtant, il est bien plus conséquent que celui des Africains, et même, c’est le recours aux réseaux familiaux et communautaires qui permet à ces derniers de tirer leur épingle du jeu. Ici comme aux USA. Deux poids, deux mesures, pourtant, dans notre perception des « communautés ».
Zemmour, c’est le racisme pétochard et franchouillard à la Pétain, uniquement basé sur des stéréotypes, sans analyse en profondeur. Soutenir sans ciller qu’un prénom français est un gage de francité est assez énorme, mais passe aujourd’hui comme une lettre à la poste. Que les beurs et les blacks ne veulent pas travailler, qu’ils sont paresseux de nature (ah, le bon temps des colonies...). Il faut oser. Mais bon, ça a l’air d’être dans l’air du temps. On peut se permettre ça aujourd’hui à la télé française, sans trop risquer de se voir railler ou huer.
Les jeunes basanés de banlieue souffrent de diverses tares. Souvent une absence de structure familiale ad hoc qui leur offrirait le soutien nécessaire à une ambition propre. Un délit de faciès congénital et le mépris concomitant de la part des « gaulois » (ou « romains » faut-il désormais comprendre). Un univers où le mérite sert de moins en moins à quelque chose, et surtout pas à la promotion sociale. Où les magouilles emportent la mise, où les sacrifices mène à l’ANPE. La tentation de recourir au système D se comprend aisément dans ce contexte.
Si la société française était juste, si elle offrait une réelle perspective d’élévation par le mérite, si ses valeurs républicaines n’avaient pas été phagocytées par une classe politique mercantile et digne des républiques bananières, alors sans doute une analyse à la Zemmour aurait-elle un semblant d’épaisseur. Mais dans un monde dont l’élite même se voue au culte du fric et du blingbling, au mépris de l’éthique la plus élémentaire, pourquoi donc s’acharner à ne pas comprendre que la loi de la jungle l’emporte là où l’espoir est le plus faible ? Remplacez les basanés par des petits gaulois aux yeux bleus, mais fauchés et affligés d’une tare visible, et vous aurez le même phénomène, très exactement le même, de violence urbaine. Et toutes les dissertations philosophico-historico-ethnico-sociologiques n’y pourront rien changer.