« ישראל, unser Vaterland ! », conception ethno-raciale d’une nation juive créée par des pionniers yiddish abandonnant leur grande culture judéo-germanique pour un rêve sioniste et étatique, issu du nationalisme européen et de la pensée coloniale du 19e siècle, rêve qui est en train de tourner au cauchemar : pour les autochtones depuis 1948, pour les descendants des colons demain.
Ces pionniers athées se basaient paradoxalement sur la Bible pour justifier l’appartenance de cette terre aux juifs du monde entier. Blasphème, dirent les religieux. Imposture, dirent les socialistes (marxistes ou bundistes). Gâchis, dirent les sionistes les plus lucides (tels Martin Buber). Le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas de « peuple juif » au sens ethnique. Peu d’Israéliens peuvent se prévaloir d’une ascendance hébraïque. Les conversions furent tellement nombreuses (Espagnols, Berbères, Khazars, Yéménites, Allemands, Russes, etc.) que la physionomie des Israéliens n’a aucun rapport avec les Hébreux d’antan, lesquels avaient plus d’affinités ethno-culturelles avec les peuples avoisinants, au point de parler la même langue (le grec dans l’Égypte ptolémaïque, l’araméen en Palestine).
Cette terre appartient donc, depuis des millénaires, aux descendants des Cananéens, des Philistins, des Hébreux, etc. Lesquels ne se trouvaient pas en Europe ou en Russie. Voici un siècle, les Palestiniens musulmans, juifs, chrétiens - de culture sémitique ou bien grecque, vivaient en paix. Ils pouvaient s’émanciper du joug ottoman, puis de la puissance mandataire britannique, ensemble (comme le voulaient des sionistes très minoritaires). Mais l’idéologie sioniste de Herzl et de Jabotinsky, venu d’Europe, en a décidé autrement.
Vous pourriez affirmer, bien évidemment, qu’il s’agit du passé. En ce cas, il s’agit d’un passé récent, encore douloureux et bien réel, en comparaison des fables colportées par le sionisme dans les têtes. À moins d’accepter que les Palestiniens exilés puissent bénéficier de la loi du retour - et dans ce cas, leur légitimité historique ne fait aucun doute.