Toute la com de l’anti-nucléaire est là ! Un titre bien accrocheur dans un premier temps ; un bon anti-nucléaire place toujours dans son titre au moins l’un des mots suivant « Tchernobyl », « bombe », « explosion » ou « contamination pendant des millions d’année ». Sinon ce n’est pas vendeur, ce n’est pas dramatique et ça ne fait pas peur.
La première étape est donc franchie avec succès.
Deuxième étape : balancer de l’info qui fait peur. Pour que le lecteur y croit, il faut des sources. De toutes façons, même s’il les lit, il ne comprendra les pas, c’est trop technique pour lui. Pour ça il existe un merveilleux site fantastique qu’est Sortir du Nucléaire. Souvenez-vous, il avait déjà diffusé un document prétendant qu’un EPR ne résisterait pas à la chute d’un avion. Ce document, peu ou personne ne l’a lu. Par contre tout le monde s’est souvenu du message de SdN. Bon le document je l’ai lu, et c’est pas marqué que ça ne tiendrait pas. C’est tellement pas marqué que SdN a inventé un pseudo-expert étranger qui serait capable de dire à partir du document que ça ne tient pas... alors que le document ne contenait aucune données techniques ! Y’a des gens forts tout de même !
Bref je m’égare, revenons à notre article. On a le titre qui fait peur et le contenu sourcé qui confirme que c’est grave. Pour faire un peu plus peur on reprend l’historique des communiqués de l’ASN (les communiqués de l’ASN ne sont jamais gentil, c’est le principe d’un procès verbal...) comme ça on pense faire une superbe démonstration que le réacteur est dangereux.
Quand tout ça est fait, on peut poser tranquillement une conclusion : « ça va exploser », « Tchernobyl », « 265283638 morts », « des enfants à 3 bras » et tout et tout. Et le lecteur qui n’est pas plus scientifique que ça s’émeut, crie au scandale et tombe dedans à pieds joints !
Ensuite, un certain nombre de réaction vont, apeurées, dans le même sens crier au scandale, d’autres essayent de redresser tant bien que mal de redresser le niveau ! Heureusement que Krolik est là quand même !
Bref, j’apporte ma pierre à l’édifice pour vous expliquer ce qu’est qu’un accident d’éjection de grappe dont il est question et auquel le communiqué fait allusion.
Je vais pas refaire ici toute la phénoménologie accidentelle mais il faut savoir que l’accident d’éjection de grappe est un accident typique pris en compte à la conception. Les risques sont de trois types :
* rupture d’un doigt de gant du convercle de la cuve et donc accident type brèche (LOCA ou APRP). La brèche serait d’environ 2 pouces donc pas de soucis pour faire du gavé ouvert avec les systèmes d’injection.
* risque de missile interne (la tige de commande de la grappe) qui pourrait endommager l’enceinte de confinement. Le bouclier anti-missile pare efficacement à ce risque.
* Risque d’insertion de réactivité. Celle-ci est particulièrement forte mais sur une durée de quelques dixième de seconde. La chaleur dégagée bloque instantanément la réaction en chaine par effet Doppler rendant physiquement impossible tout emballement du coeur !! Les assemblages et coeur sont dimensionnés pour que l’excursion de puissance résultante n’endommage pas les crayons (ils ne doivent pas dépasser 2450°C localement).
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’excursion de puissance est beaucoup plus forte si le réacteur est à l’attente à chaud qu’en pleine puissance. Le communiqué a déjà pas de sens puisqu’ils parlent d’opération en puissance. De plus il n’y a aucun risque d’accident type Tchernobyl (qui ne sont toujours pas physiquement possible avec des REP). Le scénario le pire sur un accident d’éjection de grappe serait une petite brèche primaire accompagnée d’un endommagement de quelques crayons. La réalité serait juste une brèche et pas plus d’accident nucléaire.
Il s’agit pour info d’un accident qui a toujours été pris en compte à la conception mais qui n’a jamais eu lieu ou jamais « presqu’eu » lieu !