Les techniques de modification génétiques (PGM et OGM) ont pour vocation de faire évoluer de manière accélérée des espèces de notre environnement proche, et notamment de notre alimentation. Il s’agit bien d’une « amélioration » des techniques de croisement-sélection de nos aïeux, qui avaient pour principal inconvénient d’être très lentes.
Ce que l’on ne dit pas, c’est que nous co-évoluons avec ces espèces depuis des millions d’années : ce sont autant de millions d’années dont nous avons disposé pour nous adapter aux évolutions de ces espèces. De même, les espèces que nous mutons co-évoluaient avec des dizaines d’autres espèces depuis des millions d’années. En augmentant la vitesse d’évolution, et en distribuant massivement ces mutations dans l’environnement, nous imposons mécaniquement une pression sélective plus importante sur l’environnement des organismes mutés et sur nous-mêmes. Concrètement, cela se traduit par des redistributions des niches écologiques, et chez nous, par des probabilités accrues de développer des pathologies.
En pratique, on n’a pas attendu le génie génétique pour en constater les effets de ces sélections variétales intensives : le développement de blés plus faciles à panifier a augmenté leur teneur en gluten, qui rend la digestion plus difficile, et provoque chez certains des intolérances. Il s’agit bien d’une maladie que nous avons fabriquée de toutes pièces. De même, les abeilles, que nous avons sélectionnées pour leur docilité, sont bien plus vulnérables aux maladies (et notamment au varroa), que les abeilles plus sauvages.
On pourrait citer des dizaines d’exemples. Je ne remets pas en question l’intérêt de la sélection, et même pas des modifications génétiques. Simplement, il faut se garder de vouloir faire évoluer des espèces trop vite. Il faut laisser aux espèces avec lesquelles elles sont en contact le temps de s’adapter.
Avant le développement de l’agro-industrie, une mutation un peu trop « évoluée », trop efficace, avait peu de chance de se répandre car elle désorganisait trop son écosystème pour être pérenne. A l’ère de l’agro-industrie, il est devenu facile de répandre sur toute la surface de la terre une mauvaise mutation, et ainsi de désorganiser des dizaines d’écosystèmes de manière irréversible...