Puisque l’auteur aime opérer des métaphores en rapport avec la littérature, notamment « fantastique », examinons une nouvelle à peu près contemporaine au « Horla » ;
d’Edgar Allan Poe :
« La lettre volée » :
L’intrigue :
Dans cette nouvelle, le détective Auguste
Dupin est informé par G..., le préfet de police de Paris,
qu’une lettre de la plus haute importance a été volée dans le boudoir royal. Le moment précis du vol et le voleur sont
connus du policier, mais celui-ci est dans l’incapacité d’accabler le
coupable. Malgré des fouilles extrêmement minutieuses effectuées au
domicile du voleur, G... n’a en effet pas pu retrouver la lettre. Mettre
la main sur cette dernière est pourtant d’une grande importance, car
son possesseur se retrouve en mesure d’exercer des pressions sur le
membre de la famille royale à qui il l’a dérobée. G... en vient donc à
demander l’aide de Dupin. Quelques semaines plus tard, Dupin restitue la
lettre au préfet. Il explique alors au narrateur comment certains
principes simples lui ont permis de retrouver la lettre.
Comme dans Double
assassinat dans la rue Morgue, La Lettre volée met en
scène Dupin et ses célèbres facultés d’analyse. La réflexion logique est
au centre de la nouvelle, et toute une part de l’intrigue s’appuie sur
les difficultés à trouver une solution rationnelle à la disparition de
la lettre. Lors de sa visite à Dupin, G... explique les raisonnements
qui lui ont permis de découvrir l’identité du voleur, et ceux qui lui
ont permis de déduire que la lettre était toujours en sa possession,
cachée quelque part dans son domicile. En dépit de ses certitudes, G...
ne parvient pourtant pas à récupérer l’objet : le mystère se partage
donc entre d’une part la possession certaine d’éléments, et de l’autre
l’incapacité à obtenir des résultats.
Si Dupin réussit, lui, à résoudre cette apparente contradiction,
c’est parce qu’il a su raisonner autrement que le policier, dont les
déductions, pour justes qu’elles fussent, n’ont pas suffi à résoudre
l’affaire. G... a en vain cherché la lettre en la supposant cachée : il a
sondé tous les espaces pouvant abriter une lettre qu’on aurait voulu
dissimuler. Dupin comprend lui que si G.. a échoué, c’est que la lettre
volée a volontairement été mise en évidence par le criminel. Loin d’être
rangé dans un endroit secret, le billet est en évidence dans le bureau
du coupable : la lettre a simplement été changée d’enveloppe afin de ne
pas attirer l’attention en la faisant passer pour un message ordinaire.
D’où l’on peut ressortir, toujours par analogie, que la « vérité » est clairement disponible, en évidence, mais que, « pour ne pas attirer l’attention », on l’a transformée, en lui donnant une autre apparence.
Hors là, manant : qu’allez vous fouiller au delà des apparences ?