Rapport
des renseignements généraux
12 ème législature
Question écrite
n°
24313
de
Mme
Nicole Borvo Cohen-Seat
(Paris - CRC)
-
publiée dans le JO Sénat du
07/09/2006
- page
2312
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat attire
l’attention de M. le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de
l’aménagement du territoire sur un rapport des Renseignements généraux
(RG) daté du 6 janvier 2005 dont l’existence a été révélée par la
presse.
Il avait pour objectif d’analyser la délinquance dans les
quartiers considérés comme sensibles. Il stipulait dans ses conclusions
que « parmi les meneurs, 87% ont la nationalité française, 67% sont
d’origine maghrébine et 17% d’origine africaine. Les Français d’origine
non immigrée représentent 9% des meneurs. » Cette phrase n’est-elle pas
en contradiction avec la lettre et l’esprit de l’article 226-19 du code
pénal qui interdit de « mettre ou conserver en mémoire informatisée,
sans le consentement exprès de l’intéressé, des données à caractère
personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les
origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques
ou religieuses, ou les appartenances syndicales des personnes, ou qui
sont relatives à la santé ou à l’orientation sexuelle de celles-ci. » ?
L’association SOS Racisme a récemment porté plainte sur la base de cet
article de loi. La Direction générale de la police nationale (DGPN)
dément toute existence d’un fichier contenant des données ethniques mais
indique néanmoins que « Les chiffres contenus dans le rapport sont le
résultat d’une évaluation effectuée sur la base des renseignements
d’état civil figurant obligatoirement dans les procès-verbaux d’audition
de 436 meneurs interpellés au cours d’actes de violences urbaines dans
l’ensemble des quartiers sensibles. » et que l’origine des noms a permis
d’effectuer « une étude uniquement chiffrée et non nominative. »
Néanmoins les fiches réalisées par les Renseignements généraux, à la
base des chiffres indiqués dans le rapport, sont individuelles.
Quant
à Monsieur le Ministre de l’Intérieur il a en février dernier déclaré
que « Le fait que l’on ne puisse pas, en France, connaître la diversité
de la population, parce que l’origine ethnique des délinquants est
interdite, participe à la panne de notre système d’intégration. »
Il
serait pourtant dangereux de revenir sur des dispositions légales qui
interdisent le triage de la population française sur des critères
ethniques comme c’était le cas aux heures les plus sombres de notre
Histoire. Cela constituerait la satisfaction d’une vieille revendication
de toute l’extrême-droite et un pas de plus vers le démantèlement de
l’universalisme républicain.
Pour toutes ces raisons elle lui
demande de lui apporter des précisions concernant le rapport des RG et
d’assurer le respect de la législation combattant la discrimination.