Haïti a été secoué par de nouvelles émeutes,
provoquées par une brusque augmentation des prix des denrées de base. La
hausse mondiale va se poursuivre selon l’ONU.
Les scènes de pillage sont de retour à
Port-au-Prince : des jeunes ont pris possession de plusieurs rues de la
capitale, jonchées de barricades faites de pneus et de grosses pierres,
paralysant l’ensemble des activités. Les prix des produits alimentaires
ont flambé en une semaine en Haïti où un sac de riz est passé de 35 à 70
dollars, tandis que le prix de l’essence connaissait une troisième
hausse en moins de deux mois.
De nombreux commerces ont été mis à sac par des manifestants dotés de
gourdins et d’armes à feu. La station radio Vision 2000 a été la cible
de jets de pierres, ont déclaré sur les ondes des présentateurs en
appelant la police à l’aide.
Le président haïtien René Préval entend rencontrer des importateurs
de produits alimentaires pour tenter de faire baisser les prix. "Nous
appelons les fonctionnaires de l’administration qui gagnent un salaire
mensuel de plus de 30.000 gourdes (environ 500 euros) à donner 10% pour
aider les plus pauvres", a-t-il ajouté. Mais entre spéculation et
besoins nouveaux en biocarburants exprimés par les pays riches, les prix
mondiaux alimentaires ne risquent pas de baisser de sitôt.
La hausse des prix alimentaires devrait se poursuivre
La tendance mondiale à la hausse des prix alimentaires devrait se
poursuivre, prévient le Fonds international pour le développement
agricole (FIDA). Pétrole cher, hausse de la consommation de viande en
Asie, réorientation de parcelles vers la production de biocarburants,
climat déréglé et spéculations ont contribué, selon l’organisation, à
l’augmentation des prix alimentaires. De violentes manifestations contre
cette tendance apparaissent dans plusieurs pays pauvres : outre Haïti,
l’Egypte, le Burkina Faso et la Mauritanie, entre autres, ont connu des
émeutes de la faim.
Pour la seule année 2007, les chiffres de l’Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montrent une hausse de
80% pour les produits laitiers, de 42% pour les céréales.
A l’issue du sommet Inde-Afrique à New Delhi cette semaine, les
dirigeants des pays représentés ont fait voeu de lutter ensemble pour la
sécurité alimentaire, et ont appelé les pays occidentaux à revoir leurs
pratiques, notamment l’emploi de vastes stocks pour la production de
biocarburants.
Cette dernière tendance a provoqué des pénuries et une flambée des
prix dans plusieurs pays pauvres où, prévient la FAO, les émeutes liées
au coût des aliments pourraient s’étendre à l’avenir.
Avec 8,5 millions d’habitants, Haïti est le pays le plus pauvre du
continent américain, dont 80% de la population vit avec moins de 2
dollars par jour.