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Commentaire de François-Ferdinand De la Friche en Souche

sur « Le jeu de la mort » poursuivi en justice


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Partons d’exemples quotidiens, plus proches de nous que l’expérience militaire : j’imagine que vous avez un ordinateur, un téléphone portable, etc…et à l’évidence que chacun puisse fournir à l’autre un email, un numéro de portable ce qui induit donc la possession d’un ordinateur, d’un téléphone portable, etc…vous parait autant évident que relevant de la normalité….

 

Nous pourrions digresser et invoquer la création de besoins dans une perspective économique, ou l’intérêt supposé d’être joignable H24 partout en dehors de situations extraordinaires le nécessitant vraiment : mais restons au propos précédent : à savoir que le conditionnement constant a rendu normal, évident que tout un chacun soit joignable H24, ait x emails de contact, etc…l’individu qui ne répondrait pas à cette nouvelle normalité serait d’emblée exclu, hors norme, handicapé, etc… que ce soit par choix volontaire ou non, ne changera rien à la perception négative de l’Autre sur cet individu supposé archaïque, technophobe, anachronique, etc… 

 

Bref, vous avez déjà là : une illustration de la puissance réelle de ce Conditionnement constant et total sur les comportements et pratiques individuels ; et principalement à soit les créer dans une perspective économique, ou à les imposer quelque soit la finalité.

mais allons plus loin…

 

Disposant d’un abonnement internet et téléphonique, vous avez sans doute été déjà confronté à un autant énigmatique que distant service clientèle…

 

Et bien entendu, sans concevoir cela comme relevant de la soumission à une volonté autre que la vôtre, vous vous êtes soumis passivement à toutes les injonctions de cette distante et obscure entité service clientèle : Veuillez entrer votre numéro client, veuillez taper sur la touche *, veuillez patienter…cette étape franchie, bien qu’étant demandeur légitime au vu de votre statut de client : vous avez répondu à l’interrogatoire classique et habituel : avez-vous lu les instructions ? avez-vous bien suivi ces instructions ? avez-vous bien etc…etc…etc…

 

Bref : vous avez accepter sans broncher : 1) d’être assimilé à un numéro 2) de vous soumettre à des ordres : le Veuillez ne doit pas faire oublier le caractère impératif et donc injonction : on vous ordonne d’opérer telle action et de pour cela de fléchir votre volonté (veuillez) donc de vous soumettre 3) vous avez accepté d’être renvoyé à une position d’infériorité ou de culpabilité : l’interrogatoire auquel vous avez passivement et volontairement répondu vous mettant dans la place du fautif quand bien même êtes-vous client et requérant.

 

Bien entendu, cela n’aurait aucune pertinence, si ce type de comportement induit était limité à la stricte relation avec votre FAI : or ce n’est pas le cas : ce fléchissement de votre volonté, ces contraintes constantes sur votre spontanéité ou créativité sont quotidiennes et de plus en plus nombreuses :

 

Boucherie, boulangerie, poste, banque, etc…prenez un numéro, respecter la file d’attente, ne franchissez pas la ligne jaune, rouge,etc…

 

Devenu numéro, vous pouvez faire abstraction de l’Autre, du Monde : simplement fixer l’écran en attendant que votre numéro apparaisse suffit et permet l’autisme, la passivité ; une fois votre numéro affiché rendez-vous au guichet X, ne vous inquiétez pas la proximité à l’Autre est accessoire, celui se doit de respecter la ligne de confidentialité qui donc vous sépare de lui et réduit encore plus la possibilité d’un échange avec lui : résultat la seule interaction sera entre le numéro X et le guichet Y après que le numéro X ait suivi toutes les instructions/ordres depuis son entrée dans cet espace sécurisé et où toutes interactions naturelles est vouée à être si ce n’est neutralisé, réduite par la soumission de chacun aux injonctions d’une autorité autant invisible qu’inexistante.

 

Et ainsi, chaque activité humaine, qui auparavant permettait la spontanéité, la créativité, l’interactivité devient une succession de contraintes, injonctions, etc…pour un individu autant passif que soumis, limitant ou anéantissant de plus en plus ce qui fait l’Humain…

 

Tout ce qui appartient aux domaines de la spontanéité, de la créativité, de la réaction, de l’interaction, etc…bref du Vivant, de l’Humain est neutralisé par des contraintes, des autorités abstraites que chacun accepte passivement, sans même y voir de la soumission.

 

La file d’attente qui hier permettait autant échanges courtois que virils disparaît pour une succession de numéros fixant un écran tout-puissant ; le client n’est plus face à un humain mais à un numéro de guichet, un message pré-enregistré, un interrogateur soumis à des impératifs économiques de rentabilité, efficacité, etc…

 

Bref : si Milgram s’intéressait à l’étude ou à la modélisation des comportements humains, aujourd’hui la leçon a été bien apprise et ce n’est plus l’étude des comportements qui marque notre époque mais la création de comportements, pratiques, etc…un formatage massif et constant : la soumission étant autant induite que ne requérant plus aucun processus actif avec contact Autorité/Individu : la passivité assurant autant le Contrôle des individus que leur totale soumission.

 

Ce qui serait impossible pour tout apprenti Goebbels ne bénéficiant pas de la puissance du numérique, et du conditionnement constant en temps réel…de la capacité à non plus étudier les comportements mais à les modifier de la manière la plus diffuse possible et en cela évitant tout conflit interne chez le sujet, ni réaction ou rébellion : le sujet étant passif…                


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