La candidature Bayrou est intéressante, mais elle ne m’inspire pas actuellement une confiance telle que je puisse envisager de donner ma voix au président de l’UDF.
Certes, Bayrou et l’essentiel de l’UDF ont manifesté une certaine indépendance vis-à-vis de l’UMP au cours des dernières années. Mais est-ce vraiment une manifestation de leurs convictions ou seulement un positionnement médiatique destiné à attirer l’électeur ? Les pré-campagnes de Royal et Sarkozy exploitent à fond le thème du renouveau, dont on sait qu’il se révèle particulièrement porteur. Mais est-ce que Bayrou ne fait pas exactement la même chose avec sa « troisième voie » centriste ?
Objectivement, même s’il se dit centriste, l’UDF a clairement été un parti de droite jusqu’à une période récente. Il était solidement allié au RPR et Bayrou lui-même a été ministre de l’éducation sous Balladur et Juppé. Les choses ont-elles véritablement changé ou s’agit-il en grande partie d’une stratégie médiatique ?
Les hommes politiques qui veulent se faire élire font toujours montre d’un optimisme inébranlable et il est donc très probable que François Bayrou n’évoquera pas l’éventualité d’un second tour sans lui. Du reste, on ne construit pas sa crédibilité personnelle en annonçant d’avance et de façon certaine à qui on se ralliera au second tour. Mais c’est pourtant cette incertitude qui, à mon avis, brouille le vote Bayrou. Que fera-t-il si le miracle espéré ne se produit pas ? Que fera-t-il si le duel du second tour est vraiment Sarkozy-Royal ? Se ralliera-t-il automatiquement à Sarkozy en échange d’une alliance aux législatives ? La perspective d’une candidature qui échappe aux clivages habituels est séduisante, mais s’agit-il vraiment de cela ou de l’expression d’un courant minoritaire de droite, façon Christine Boutin ou Corinne Lepage ? L’indépendance de l’UDF vis-à-vis de l’UMP survivra-t-elle si Bayrou ne dépasse pas le premier tour ?
La réponse à ses interrogations clarifierait considérablement la candidature Bayrou. L’exemple récent de Chevènement montre assez que les candidatures qui se disent indépendantes peuvent décevoir amèrement les espoirs qu’on a placé en elles. Une déclaration d’intention résolue de François Bayrou (affirmant que, le cas échéant, il ne se rallierait pas nécessairement à Sarkozy et pas seulement en échange d’un certain nombre de circonscriptions) contribuerait donc grandement à asseoir l’originalité et l’intérêt de sa candidature.
Je dois avouer que, pour l’instant, je n’y crois pas.