Trèves de balivernes et de mensonges ; un rapport particulièrement complet sur la situation au Chili ici
Petit extrait :
Inégalités quant au financement
La solidarité est absente du système privé, et les transferts entre générations et
entre assurés inexistants. La solidarité et la redistribution sont désormais à la
charge de l’Etat, qui s’en acquitte en finançant les pensions au titre de l’aide sociale
et les pensions minimales.
En outre, le système privé a pris plusieurs mesures
tendant à creuser les écarts entre assurés sur le plan financier :
a) La part patronale est supprimée et passe à la charge du salarié, tenu de verser
désormais 10 pour cent de son salaire ou revenu. Cette mesure est
contraire aux prescriptions minimales de l’OIT, qui recommande de plafonner
la part salariale à 50 pour cent de la cotisation totale13.
b) Le travailleur verse en outre une commission à l’AFP pour la gestion du
régime de retraite 14, ainsi qu’une prime transférée à des compagnies d’assurances
privées chargées de verser les pensions d’invalidité et de réversion.
La commission et les diverses primes représentent, prises ensemble,
2,44 pour cent du salaire en moyenne à la fin de 2007, soit presque un
cinquième d’un prélèvement total atteignant 12,44 pour cent (AIOS,
2007). En 2003, la commission totale moyenne en pesos constants est supérieure
de 4,8 pour cent à celle de 1982 (Arenas de Mesa et Mesa-Lago,
2006, pp. 155-156).
c) La réforme subordonne l’octroi de la pension minimale à vingt ans de cotisation,
condition que la moitié au moins des assurés a le plus grand mal à
remplir, en particulier ceux dont l’activité est irrégulière, les femmes et les
indépendants.
d) Au contraire, dans le cas du régime spécial des forces armées, les prestations
sont déterminées, les conditions d’accès plus souples, les subventions
de l’Etat (l’employeur) très importantes et les assurés ne paient pas de
commission.
e) Les coûts de transition sont entièrement assumés par l’Etat, qui redistribue
à une minorité de la population au revenu intermédiaire ou élevé des allocations
financées par divers impôts (sur la consommation pour la plupart)
versés par l’ensemble des citoyens y compris par les ménages pauvres et les
petits revenus, c’est-à-dire que le mécanisme a un effet régressif. En 1981-
2004, ces coûts atteignent en moyenne 5,7 pour cent du PIB annuel et encore
5 pour cent en 2006. Ils devraient atteindre 4,7 pour cent en 2010.
f) En 2006, 1,3 pour cent du PIB était affecté ainsi au financement du régime
des forces armées (un quart du coût total), 0,4 pour cent à celui des retraites
au titre de l’aide sociale, et 0,1 pour cent à celui des pensions minimales.
g) Le système privé creuse les inégalités déjà présentes sur le marché du travail
entre les assurés ayant des revenus différents. En 2004, le rapport
entre le salaire minimum et le revenu mensuel imposable maximal est de
1 à 8,6. Il est de 1 à 9,3 si l’on considère le revenu minimal et le revenu
maximal des retraités. Il est de 1 à 13 si l’on utilise les chiffres récents sur la
densité de cotisation par quintile de la répartition des revenus des ménages,
c’est-à-dire que le taux de remplacement des assurés qui reçoivent le
revenu maximal imposable est supérieur de 14 points de pourcentage à celui
des assurés qui touchent le salaire minimum (Arenas de Mesa et Mesa-
Lago, 2006, p. 165).
Enfin, ni les travailleurs ni les pensionnés ne participaient à la gestion de
la Surintendance et des AFP, alors qu’ils étaient propriétaires des fonds de pension
gérés. Les acteurs intéressés au premier chef ne pouvaient donc pas faire
entendre leur voix, s’assurer du bon fonctionnement du système ou formuler
des propositions en vue de son amélioration.
Allez, suivant...
Encore un petit tour de piste, Lucilio ?