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Commentaire de sisyphe

sur Pétition contre Allègre et Courtillot : des climatologues français perdent tout sens de la mesure


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sisyphe sisyphe 3 avril 2010 06:40
Mercredi 31 mars, Claude Allègre s’est de nouveau livré à une violente diatribe anti-réchauffement et anti-Giec sur France Inter. Même si l’enquête parlementaire britannique vient de blanchir les scientifiques mis en cause dans le Climategate, les climato-sceptiques sont parvenus en quelques mois à briser le consensus autour du réchauffement climatique. Retour sur une polémique médiatico-scientifique.
Une « manip »

 

Fin novembre 2009, à quelques jours de l’ouverture du sommet de Copenhague, éclate le Climategate. Plus d’un millier de mails échangés par des chercheurs de l’unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) avec leurs collègues américains ou européens depuis 1996 ont été piratés, et sont publiés sur internet. Un message en particulier met le feu aux poudres. Phil Jones, le directeur du CRU, y écrit qu’il a employé « une manip’ » empruntée à un météorologue de l’université d’Etat de Pennsylvanie, Michael Mann, pour « dissimuler le déclin » récent des températures dans le monde. Il n’en faut pas plus aux climato-sceptiques pour affirmer que les climatologues se concertent pour manipuler leurs données, et faire croire ainsi à l’existence d’un réchauffement de la planète, et à l’influence de l’activité humaine sur l’augmentation des températures. Phil Jones nie de son côté toute falsification des données, assurant que ses commentaires ont été sortis de leur contexte. "Le mot de ’manip’ est utilisé ici de façon familière, pour dire que c’est astucieux. C’est ridicule de suggérer que cela fait référence à quoi que ce soit de fâcheux". La Grande-Bretagne décide toutefois d’ouvrir une enquête parlementaire.

La fonte des glaciers de l’Himalaya

 

Nouvelle polémique en janvier. Le Groupe inter-gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) reconnaît officiellement que sa prévision sur la fonte des glaciers de l’Himalaya d’ici 2035 est "peu fondée". En 2007, dans son 4ème rapport, qui lui avait valu le Prix Nobel de la Paix, le Giec estimait que les glaciers de l’Himalaya reculaient plus vite que les autres du monde et "pourraient disparaître d’ici 2035, voire avant". Ces estimations, considérées comme excessives et basées sur des sources peu sûres par des scientifiques et hommes politiques, suscitaient de vives critiques depuis plusieurs mois. Le groupe d’experts estime cependant que la conclusion générale de ce rapport, qui prédit que la fonte des glaciers de l’Himalya, des Andes et de l’Hindu-Kush, va s’accélérer au XXIe siècle, est « robuste » et « appropriée ». Qu’importe, une pierre de plus est ajoutée à l’édifice climato-sceptique.

L’enquête parlementaire favorable aux chercheurs

 

En Grande-Bretagne, l’enquête parlementaire sur le scandale du Climategate vient de se ranger du côté des chercheurs mis en cause.
Dans un rapport rendu public le 31 mars, les parlementaires ont estimé que les scientifiques du Centre de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (CRU) avaient agi conformément aux pratiques habituelles et qu’il n’y avait pas eu de manipulation des données
Ils ont cependant prié les scientifiques de communiquer davantage d’informations afin d’empêcher de nouvelles controverses.
Le rapport estime enfin ne pas avoir trouvé de raison pour remettre en cause le consensus scientifique sur le réchauffement climatique mondial.
chiffrées, notamment sur les températures dans le monde.

 

Essor des climatosceptiques


Les mises en cause des travaux du Giec ont permis aux climatosceptiques d’occuper le devant de la scène médiatique. Les polémiques sont utilisées par ceux qui estiment que le réchauffement climatique n’est pas lié à l’activité humaine. Les accusations contre le Giec ont provoqué une brèche dans la confiance du public envers le message des scientifiques.

Dans son livre intitulé "L’imposture climatique ou la fausse écologie", Claude Allègre attaque les travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, dénonçant une mobilisation de la planète autour « d’un mythe sans fondement » et s’en prenant aux climatologues qui y participent.

 

Les chercheurs français en appellent à Pécresse


En réponse à cette attaque, 410 chercheurs français ont adressé le 31 mars un courrier à la ministre de la Recherche. Ils demandent à Valerie Pecresse d’exprimer publiquement sa « confiance » dans leurs travaux sur le climat face aux « affirmations péremptoires » de Claude Allègre sur le sujet.

"Depuis plusieurs mois, des scientifiques reconnus dans leurs domaines respectifs dénigrent les sciences du climat et l’organisation de l’expertise internationale, criant à l’imposture scientifique", affirment les chercheurs dans ce courrier, citant en particulier l’ancien ministre de l’Education.
"Ces accusations ou affirmations péremptoires ne passent pas par le filtre standard des publications scientifiques« , ajoutent-ils, jugeant que des auteurs tels qu’Allègre  »oublient les principes de base de l’éthique scientifique, rompant le pacte moral qui lie chaque scientifique avec la société« .
 »Nous pensons que ces accusations demandent une réaction de votre part, et l’expression publique de votre confiance vis-à-vis de notre intégrité et du sérieux de nos travaux", concluent, dans cette lettre ouverte, les universitaires et chercheurs en sciences du climat.

Pécresse demande un débat sur le sujet

 

Sollicité par Libération, qui révèle l’existence de ce courrier, Claude Allègre a balayé d’un revers de manche ce qu’il a qualifié de « pétition nulle et stupide », ironisant sur une réaction de gens "qui ont gaspillé beaucoup d’argent public et ont peur de perdre des moyens, peur de perdre leur job".

De son côté, Valérie Pécresse a refusé de prendre position, estimant qu’il appartient aux scientifiques de valider ou d’invalider les travaux des chercheurs. Elle a ainsi demandé au président de l’Académie des sciences d’organiser un débat sur le sujet. La ministre de la Recherche renvoie sur le modèle d’expertise commandé par Ban Ki-moon le mois dernier.

Etude du Conseil inter-académique

 

Le 10 mars, l’ONU a en effet chargé une organisation scientifique internationale de superviser les travaux de son organe spécialisé sur l’évolution du climat.
Le secrétaire général, Ban Ki-moon, a annoncé avoir demandé au Conseil inter-académique
"Que ce soit bien clair  : la menace posée par le changement climatique est réelle. Rien de ce qui a été affirmé ou révélé dans les médias récemment ne modifie le consensus scientifique de fond sur le changement climatique", a affirmé Ban Ki-moon à la presse.
Reconnaissant l’existence "d’un petit nombre d’erreurs« dans le rapport de 2007, Ban Ki-moon
 »Nous devons agir sur la base des meilleures données scientifiques possible. Nous devons assurer une totale transparence, exactitude et objectivité et minimiser le potentiel d’erreur", a cependant dit Ban Ki-moon pour expliquer sa décision.
(InterAcademy Council, IAC), basé aux Pays-Bas, d’effectuer une étude "sur les procédures et méthodes" suivies par le Groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat. a affirmé n’avoir vu "aucune preuve crédible qui permette de remettre en cause ses conclusions". Ce rapport affirmait que les activités humaines étaient pour une large part responsables du réchauffement.

« Des conseils scientifiques bien fondés »

 

L’IAC, dont le secrétariat est à Amsterdam, produit des rapports sur les grandes questions scientifiques, technologiques et sanitaires de notre temps à l’intention des gouvernements et des organisations internationales.
Son conseil de direction se compose notamment des présidents de 15 académies des sciences de différents pays.
Son co-directeur, Robbert Dijkgraaf, a déclaré à la presse que la tâche de l’IAC sera d’assurer qu’à l’avenir, les Etats recevront du Giec « des conseils scientifiques bien fondés ».
Soulignant que l’IAC se bornerait à recommander des améliorations des procédures du Giec, il a fixé à fin août la date de remise de son rapport.

La fin du consensus climatique

 

Le rapport du Parlement britannique ou la supervision de l’IAC suffiront-ils à rétablir la confiance ? Les climato-sceptiques ont en tout cas remporté un premier succès en parvenant à briser le beau consensus observé à la veille du sommet de Copenhague. En France, l’abandon de la taxe carbone est perçu comme un revirement dans l’engagement environnemental du président. Un Claude Allègre reste pourtant isolé et ses travaux « scientifiques » peinent à convaincre ses pairs.

Dans les pays anglo-saxons, les enjeux sont différents.

Aux Etats-Unis, la bataille est non seulement idéologique mais avant tout économique. Un récent sondage montrait 48% des Américains sont persuadés que les prévisions sur le réchauffement climatique sont exagérées. Alors que le Congrès américain est appelé à limiter les émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis, Barack Obama doit faire face aux pressions des groupes industriels. Le président américain aura désormais du mal à faire adopter une loi sur le climat.

Traduction ; sous la pression des lobbyes industriels ; pétrochimiques et autres bouffons médiatiques, les imbéciles inutiles sont en train de laisser les mains libres aux pollueurs de toutes sortes ; Exxon, Total, BP, Shell et autres empoisonneurs remercient de tout coeur les climato-sceptiques (plutôt septiques, comme les fosses du même nom...)


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