Quand Deneb lit ceci :
« …..La résistance que l’homme oppose à la mort apparaît évidente : quelque part – ont pensé à maintes reprises les hommes – il doit bien y avoir l’herbe médicinale contre la mort. Tôt ou tard, il devrait être possible de trouver le remède non seulement contre telle ou telle maladie, mais contre la véritable fatalité – contre la mort. En somme, le remède de l’immortalité devrait exister. Aujourd’hui aussi les hommes sont à la recherche de cette substance curative. La science médicale actuelle s’efforce, non d’exclure à proprement parler la mort, mais d’en éliminer toutefois le plus grand nombre possible de causes, de la reculer toujours plus ; de procurer une vie toujours meilleure et plus longue. Mais réfléchissons encore un instant : qu’en serait-il vraiment, si l’on parvenait, peut-être pas à exclure totalement la mort, mais à la reculer indéfiniment, à parvenir à un âge de plusieurs centaines d’années ? Serait-ce une bonne chose ? L’humanité vieillirait dans une proportion extraordinaire, il n’y aurait plus de place pour la jeunesse. La capacité d’innovation s’éteindrait et une vie interminable serait, non pas un paradis, mais plutôt une condamnation..... »
il conclut :
En somme il dit : Ne cherchez pas à vivre vieux ! La médecine ne sert à rien. Il n’y a que la foi en Christ qui guérit...
Il nous fournit donc la preuve qu’il ne sait pas lire. En effet, le pape ne déconseille pas de vivre vieux, mais il pose des questions sur les perspectives de vieillissement de la population qu’occasionne les progrès de la médecine. Il ne dit nulle part que la médecine ne sert à rien, et ne parle pas non plus de guérison par le Christ, en tout cas pas dans l’extrait cité.
Pourtant la question soulevée mérite réflexion, et ce serait être une vraie ganache que de ne pas le voir. Quel serait par exemple le sens de la vie si la médecine nous permettait d’abolir toute souffrance ? Sans souffrance, pas de bien-être, ou plutôt : ce qui donne de la valeur au bien-être est l’existence de son opposé. Je pense qu’une telle vision matérialiste de la médecine est à rejeter. Nous voulons guérir des effets mais sans agir sur les causes. Nous désirons préserver notre mode de vie excessif et jouisseur mais sans avoir à en subir les conséquences. Une pilule, et hop ! on annule la gueule de bois et la nuit blanche de la veille : on est prêt à repartir au boulot. On continuerait à consommer trop gras, trop sucré, trop salé, trop alcoolisé car on saurait qu’il suffit de prendre le remède adéquat pour éviter l’embompoint, le diabète, ou d’autres désagréments. Evidemment il est plus facile d’attendre que les médecins aient torturé des millions d’animaux et aient ensuite testé leur produit sur des enfants africains (au nom du Progrès) pour nous épargner le contrecoup de notre façon de vivre déreglée, plutôt que d’adopter une vie plus saine pour le corps, l’esprit, et la nature. On préfère vivre dans un enfer sans souffrance (mais qui serait la vraie Souffrance), plutôt que de mener une vie simple et authentique, qui inclut la souffrance. Quelle folie !
Mais bien sûr les ganaches diront que c’est l’Eglise qui débloque. Ils nous expliqueront que la foi en l’homme n’est pas nuisible, contrairement à la foi en Dieu. Que la survie de l’humanité en dépend. Ont-ils des oeillères pour ne pas voir que la seule époque où l’Humanité ait vraiment eu à s’inquiéter pour sa propre préservation, c’est (en-dehors de l’âge des cavernes) aujourd’hui, à l’instant où toute vie spirituelle est honnie et que les progrès de la science nous donnent le pouvoir de raser toute la surface du globe. Mais bien sûr c’est l’Eglise qui est dangereuse...