Chacun est est libre de ses préférences esthétiques, bien entendu. Je
ne comprends pas bien ce qui me vaut ce qualificatif de « fasciste ».
J’ai exprimé mon ressenti sur une certaine esthétique, j’insiste sur le
fait qu’il ne s’agit que d’un ressenti, et je ne cherche pas à lui
trouver des justifications rationnelles. Je n’ai pas taxé Hieronymus de
fascisme quand il a dit qu’il trouvait certaines femmes négligées ou
repoussantes.
A aucun moment je n’ai pas utilisé le mot « nature », et ce n’est pas un
hasard : cette notion m’apparait trop vague, et fait référence à un
idéal bien trop abstrait. pour la même raison, je n’ai pas utilisé le
mot « artifice ». Pas besoin de parler de nature pour dire que
l’épilation abîme la peau, que les chaussures à talons génèrent des
problèmes de dos, etc. Ce sont des données concrètes, vérifiées.
Je ne voudrais surtout pas empêcher qui que ce soit de faire ce qu’il
éprouve nécessaire pour se sentir bien dans sa peau. Mais quand je vois
que souvent, cette idée de bien-être se base sur des conventions
sociales, au détriment de notre intégrité corporelle et psychique, ça
me pose des questions. Aujourd’hui, des femmes se sentent plus sûres
d’elles avec des faux ongles, alors qu’ils étaient marginaux,
outranciers, il y a quelques décennies. Parallèlement, les implants
mammaires se multiplient. Est-ce que, dans vingt ans, une jeune femme
se fera payer ses premiers implants mammaires par sa mère, afin qu’elle
puisse « mieux s’accepter » ?
Les complexes sur le corps sont naturels, mais ils sont exacerbés par
les valeurs esthétiques promues par certaines industries. Industries
qui ont tout intérêt à ce que nous n’aimions pas notre corps. Nous ne
sommes pas indépendants dans nos jugements esthétiques ; nous sommes
conditionnés par les campagnes publicitaires auxquelles nous sommes
quotidiennement exposés.
Aimer ses faux seins, ses faux ongles, sa fausse peau, ses faux
cheveux, ce n’est pas s’aimer soi. Si on se sent mieux avec, c’est
parce que notre besoin de reconnaissance, d’approbation, est mieux
satisfait, certes. Mais s’aimer soi, c’est s’accepter avec ses qualités
et ses défauts, au point d’accepter de les confronter au regard des
autres. C’est dire : "Quel que soit le jugement des autres, c’est ainsi
que je suis, et le regard des autres ne me touchera pas."