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Commentaire de

sur Des affiches de Mahomet en jeune éphèbe circulent à Téhéran


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(---.---.168.130) 1er mars 2006 11:43

Caricatures : BHL s’emmêle les crayons

David Bescond, ancien rédacteur en chef du site aipj.net, rejoint LibertyVox. Il s’interroge sur certains propos de BHL au sujet de l’affaire des caricatures de Mahomet.

Réponse au philosophe Bernard-Henri Lévy.

En préambule je tiens à souligner qu’il ne s’agit pas de porter sur le philosophe français un regard négatif. Trop souvent pris pour cible par des extrémistes j’exprime un simple désaccord sur des passages importants de son intervention au journal « Le Monde » du 14 février 2006. Je lui conserve mon estime.

Vous dites que l’on peut trouver les caricatures danoises sur le prophète médiocres. Cela m’importe peu. L’essentiel n’est pas là. Et l’appréciation d’un art est toujours très subjectif. Vous dites que ces caricatures peuvent avoir un « air de famille avec les caricatures antisémites ou racistes des années 1930 ou 1950 ». Comparaison n’est pas raison. Je ne vois pas dans ces caricatures des attaques contre les musulmans en général, comme jadis contre les juifs, mais uniquement une dérision envers une figure religieuse. Et puisque vous aimez les comparaisons, je trouve que ces caricatures se rapprochent davantage de celles de la fin du XIXème siècle et du début du XXème qui tournaient en dérision, et avec quelle férocité, l’église catholique en France. Le récent centenaire de la séparation de l’église et de l’Etat a permis à nos compatriotes de se remémorer l’audace de ces caricatures.

Vous dites que « montrer ainsi le Prophète et le montrer, qui plus est, sous ce visage bête et odieux, n’était pas la meilleure idée qui soit dans le contexte du moment et équivalait à jeter une allumette dans une flaque d’essence ». Une fois encore je ne relève pas votre appréciation sur la qualité de ces caricatures pour les deux raisons citées plus haut. En revanche pourquoi faudrait-il réserver à Mahomet un traitement de faveur qui ne s’applique ni au Pape, ni à Jésus, ni à Bouddha, ni à Yahvé, ni à aucune autres figures religieuses ou non ? Et si tel devait être le cas, les mêmes, qui aujourd’hui prennent la défense des intégristes musulmans, condamneraient les réactions des fidèles catholiques, juifs ou autres au nom de la liberté d’expression.

- Faut-il comprendre que les musulmans ne sont pas doués de raison ? Les réactions disproportionnées de millions de musulmans à la publication de simples dessins sont en effet à mettre en parallèle avec l’absence de réaction des masses musulmanes devant les morts du terrorisme islamiste, les actes de barbarie commis au nom de l’islam.
- Que l’interdiction de caricaturer Mahomet ou de le blasphémer, et je revendique cette liberté de blasphémer, s’applique également aux non-musulmans ? Il convient alors de se demander si la minorité musulmane en Europe est capable d’accepter et de comprendre les règles démocratiques de nos sociétés libérales.
- Que face au fascisme il existe un bon et un mauvais moment pour s’opposer, se battre ? J’estime que le combat contre le fascisme islamique est un combat de chaque instant et que ce brasier n’est pas né de la publication des caricatures mais de la percussion des tours du World Trade Center le 11 septembre 2001. Croire que l’on peut tergiverser avec les islamo-fascistes, gagner du temps, les amadouer, les amener à la raison, attendre un contexte plus favorable, c’est commettre la même erreur, allons-y pour une nouvelle comparaison, que celle commise par les pacifistes ou les germanophiles vis-à-vis des nazis.

A plusieurs reprises vous qualifiez le « Jyllands Posten » de journal « obscur », de « journal inconnu ». De votre part, il est difficile de croire en l’innocence des mots utilisés. Et, à vous lire, on ressent dans le choix de ces qualificatifs un profond mépris à l’égard de la source à l’origine de cette affaire des caricatures. Là encore je refuse de polémiquer sur la qualité de ce journal. Mais force est de constater que tout inconnu et obscur qu’il était, il fut le SEUL à avoir le courage dans cette Europe de 2006 à briser un tabou, le SEUL à briser une censure imposée par des esprits totalitaires. Le SEUL à avoir eu le courage de dire que dans l’Europe de 2006, qui se gargarise tellement du mot liberté, il n’était pas admissible que des journalistes, des intellectuels, des politiques ou de simples citoyens renoncent à parler librement d’un sujet quel qu’il soit. Le SEUL à démontrer que la présence de l’islam pose un réel problème à nos vieilles démocraties judéo-chrétiennes, le SEUL à démontrer que les intellectuels, les journalistes, les politiques, les artistes, les publicitaires tremblent de peur devant l’intolérance intrinsèque de l’islam. Oui ce qu’un quotidien obscur et inconnu a fait, c’était aux journaux réputés, aux artistes surmédiatisés, aux intellectuels reconnus, aux politiques élus qu’il revenait de le faire. Mais nous touchons là la frontière entre le courage et la lâcheté. Cette dernière trouve toujours un prétexte pour se déployer devant l’intimidation des fanatiques.

Un peu plus loin vous proposez face au triangle de la haine (Syrie, Iran, Hamas) un triangle de la raison (Etats-Unis, Europe et Israël). Je suis d’accord. Mais pas sur sa finalité qui doit être selon vous « le refus d’une guerre des civilisations voulue par les extrémistes du monde arabo-musulman et par eux seuls ». « Par eux seuls » ? Tout le problème est là. A la différence des Etats-Unis, de l’Europe ou d’Israël, les extrémistes du monde arabo-musulman ne représentent pas 10 à 20 % du corps électoral mais sa majorité comme le démontre chaque élection. Si les terroristes sont minoritaires, les adeptes de l’idéologie islamo-fasciste sont majoritaires. Dans l’Allemagne nazie, les SS étaient également minoritaires, mais les partisans du nazisme majoritaires. Et tant que l’on refusera de voir cette réalité, tant que l’on persistera dans la promotion de l’islamiquement correct, dans la promotion d’un islam à l’eau de rose qui n’existe que dans l’imaginaire de quelques islamologues occidentaux, tant que l’on préfèrera adopter la politique de l’autruche, il nous sera impossible de comprendre que nous sommes en guerre et par conséquent dans l’impossibilité de concevoir enfin une riposte efficace et salutaire.

Oui vous avez raison lorsque vous dites plus loin qu’il convient de venir en aide aux musulmans modérés et réformateurs. Mais ce n’est pas en abdiquant nos libertés fondamentales qu’on leur sera d’une quelconque utilité.

David Bescond pour LibertyVox.


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