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Il faudra qu’un jour la profession journalistique finisse par admettre qu’une information n’est pas « un fait » mais « la représentation d’un fait plus ou moins fidèle, ou donnée volontairement, ou dissimulée ou extorquée ».
Cela fait déjà plus de 80 ans que Magritte enseignait que « Ceci n’est pas une pomme », « Ceci n’est pas une pipe », ce n’était que la représentation d’une pomme ou d’une pipe ! On n’accède jamais au « terrain » dit Paul Watzlawick mais seulement à « une carte » plus ou moins fidèle !
Il n’est nul besoin de recourir à « une théorie du complot » - laquelle postule a contrario une théorie de la transparence purement utopique - pour expliquer que l’information donnée ou dissimulée est soumise à une contrainte majeure, la contrainte des motivations de l’émetteur.
Et ces motivations peuvent être résumées par l’énoncé d’un principe : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. On prête à Churchill une maxime qui dit la même chose : « En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle devrait toujours être protégée par un rempart de mensonge ». On peut en dire autant en temps de paix.
Les termes de « vérité » et de « mensonge » ne sont pas appropriés : le
mot « mensonge » n’est-il pas affecté ici d’une valeur positive ? Le mot
« leurre » est donc préférable pour éviter tout parasitage moralisant.
De ces données et de quelques autres découlent une approche de l’information qui distingue la représentation de l’information du pêcheur et la représentation de l’information du poisson qui sont très différentes l’une de l’autre : est-il nécessaire d’insister ? Paul Villach