La polémique sur le climat est complexe, mais l’argumentaire de l’article ne correspond pas à la réalité. Croyez-vous que les chercheurs universitaires ont davantage de moyens d’être indépendants que ceux du CNRS ou des autres organismes publics de recherche ?
Dans le monde entier, c’est le contraire. Même aux Etats-Unis, la force montante dans la recherche depuis les années 1930 ont été les organismes fédéraux qui embauchent directement un nombre très conséquents de chercheurs. Autrement, ils ne s’en seraient pas sortis. Et regardez à présent la crise des universités aux Etats-Unis.
Dans la réalité, la recherche universitaire a de moins en moins d’indépendance, a fortiori avec la montée des
sources de financement privées, du mécenat, etc... Pensez-vous vraiment qu’une
recherche sur le climat ou sur les effets pour la santé des
nanotechnologies financée avec des fonds privés peut être indépendante ?
Dans une université comme Harvard, le fondateur de la Commission Trilatérale David Rockefeller peut se permettre de faire un don et d’obtenir la création d’un centre de recherche avec son nom, avec le sujet de recherche de son choix. Voir, par exemple :
http://www.drclas.harvard.edu/
http://www.drclas.harvard.edu/regional_office/innews/giants
http://yardmagazine.harvard.edu/david-rockefeller-gives-100-million/
ou encore, nos articles :
Universités françaises et OPA patronale (I)
Universités françaises et OPA patronale (II)
Universités françaises et OPA patronale (III)
Universités françaises et OPA patronale (IV)
Universités françaises et OPA patronale (V)
Rapport Aghion, « destruction créatrice », CNRS et universités
Amy Bishop et le « modèle américain » (I)
Amy Bishop et le « modèle américain » (II)
La réalité est qu’on voudrait nous imposer, en France, un « modèle » qui a depuis longtemps fait son temps et dont l’échec historique apparaît au grand jour. Regardez, par exemple, comment les « sommités » issues de ces universités ont poussé les pays occidentaux vers la ruine économique.
Quant aux questions qui peuvent apparaître sur l’indépendance des chercheurs du CNRS ou d’autres organismes publics, la réponse est simple : les garanties d’indépendance consistent principalement à :
i) ne pas subir des pressions du monde politique (d’où la nécessité des crédits récurrents que l’on cherche à supprimer) ;
ii) ne pas être poussés vers le financement privé, comme c’est le cas depuis vingt ans ;
iii) ne pas se voir imposer de participer dans des projets dits « fédérateurs » français ou européens ;
iv) ne pas voir sa carrière dépendre du lobbying ou du bon vouloir des « personnalites influentes ».
De ce point de vue, la France a beaucoup régressé depuis vingt ans.
Ce qui serait intéressant, c’est de faire une étude détaillé des sources et modalités de financement de chacun des groupes de recherche impliqués dans ce débat.
Cordialement
Le Collectif Indépendance des Chercheurs
http://science21.blogs.courrierinternational.com/