Premier constat : jusqu’à présent personne n’a été en mesure de me fournir une explication plausible à cet âge de 53 ans qui est censé correspondre à l’âge moyen du départ à la retraite des Grecs. Pour ma part j’en doute, mais je n’ai pas trouvé mieux que les chiffres de 2005.
Second constat : supposons que 53 ans soit actuellement l’âge moyen du départ à la retraite en Grèce (ce qui reste à prouver). Un gouvernement ne peut en aucun cas décréter que l’âge moyen du départ à la retraite sera désormais de 67 ans. Il peut fixer un âge légal, mais il ne peut en aucun cas faire en sorte que les Grecs partent effectivement à la retraite à 67 ans. Si une entreprise veut lâcher du lest, si les chômeurs ne trouvent pas d’emploi, ce n’est pas les ministres grecs qui vont y changer quoi que ce soit. Par conséquent, soit la dépêche simplifie à outrance les propos du ministre grec (53 = âge moyen actuel ; 67 = âge légal à venir), soit le ministre annonce une mesure qu’aucun gouvernement ne serait capable d’appliquer (faire en sorte que les gens quittent en moyenne le monde du travail à 67 ans). Donc soit les médias ont véhiculé une information erronée, soit ils n’ont pas relevé le fait que les propos du ministre grec constituaient un mensonge manifeste.
Troisième constat : pour moi il existe une grosse différence entre quitter le monde du travail à 53 ans (et donc toucher une pension misérable) parce qu’on a été contraint de le faire, faute de boulot disponible, et partir en retraite une fois que l’on a atteint l’âge permettant de partir à la retraite avec une pension décente. A votre avis, qu’on compris les Français qui se sont répandus en injures sur les forums à propos des Grecs après avoir entendu que l’âge moyen de la retraite était de 53 ans en Grèce ? Qu’ils se retrouvaient ensuite dans une grande précarité tout le restant de leur vie, ou qu’ils se la coulaient douce avec une pension bien confortable ? (il serait à peine caricatural de rajouter : « grâce aux aides versées par les Français qui, eux, ne font pas semblant de travailler »)
Ce que je reproche aux médias c’est d’avoir véhiculé une information pour le moins suspecte sans avoir cherché à la commenter ou à l’expliquer. La déclaration du ministre grec, telle que l’a reproduite l’agence de presse, était soit approximative, soir erronée, soit mensongère. Dans tous les cas, l’absence de reformulation claire de cette dépêche ambigüe de la part des journalistes (qui se sont contentés de la recopier ou la répéter telle quelle) a induit de nombreux lecteurs et auditeurs en erreur, renforçant ainsi l’atmosphère détestable qui règne actuellement dans les médias lorsqu’il est question de la Grèce. Les journalistes et économistes se comportent en donneurs de leçon, ils véhiculent une image très négative des Grecs : travail au noir (jusqu’à gonfler lamentablement les chiffres comme l’a fait Alain Minc), critique du fait qu’ils aient eu recours à la titrisation de leur dette (ce qui était pratiqué par tout le monde jusqu’en 2004, car légal), train de vie excessif, sans compter les éternels clichés sur les pays méditerranéens !