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Commentaire de suumcuique

sur L'optimisme capitaliste au Vietnam


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suumcuique suumcuique 5 mai 2010 17:44

De Gobineau écrivait ces lignes dans les années 1850, de Téhéran où il avait été nommé premier secrétaire de la légation française en Perse - à l’époque, il existait encore une diplomatie française digne de ce nom. Il était parfaitement au fait des trois points que vous développez. Ce sur quoi il attire l’attention du lecteur, c’est sur la nature foncièrement bourgeoisie - quasiment au sens flaubertien et, donc, non marxiste, du terme (en tant que catégorie de l’esprit) - de l’Asiatique.

En Europe, de la Grèce antique jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le bourgeois et, en général, le commerçant fut un individu méprisé par une grande partie de l’aristocratie ainsi que par une grande partie des peuples, non encore convertis – et pour cause - au marxisme. Il faudra attendre Louis XIV, fossoyeur de la noblesse d’épée et, donc, du vieil esprit traditionnel européen, pour que l’aristocratie soit autorisée à faire du commerce. Or, au XVIIe siècle, cela faisait déjà des siècles que les Asiatiques de quasiment toutes les classes sociales – sauf en Inde, marquée par le régime des castes instaurés par les Indo-Européens – s’adonnaient au commerce.

D’Esope (L’estomac et les pieds) à Aristote, de Tite-Live à J. de la Fontaine (Les membres et l’estomac), tous les grand esprits européens, artistes et hommes politiques, considérèrent toujours le commerce comme une activité indigne d’un homme digne de ce nom. Il est grand temps de prendre du recul et que ceux qui sont toujours capables de prendre du recul et de remettre les choses dans leur contexte rappellent que les « businessmen », tout célébrés qu’ils soient aujourd’hui, furent vus, de l’antiquité à la fin du moyen Moyen Âge européen, comme des moins que rien, des « hors caste ». Signe des temps, la présidente de l’Inde actuelle est une sûdra, c’est-à-dire un individu extrait des basses classes.

« Le pain et les jeux », on l’oublie souvent, sont payants aujourd’hui, même au Viet Nam. Dans la Rome antique, tout cela était gratuit et de nombreux patriciens évergètes s’y ruinèrent.

Le pire, actuellement, au Viet Nam et ailleurs, ce n’est pas tellement qu’une minorité réussissent économiquement par les moyens les plus sournois, les plus déloyaux, les plus 
bas, les plus noirs. Le pire, c’est que des milliards d’individus hollywoodisés jusqu’à la moelle rêvent d’en faire de même, à la première occasion.


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