Constat parfaitement clairvoyant, je dirai cynique au sens littéral.
A présent que nous sommes un certain nombre à travers le monde à avoir fait ce même état des lieux, de Chomsky à Bourdieu en passant par N. Klein et une bonne poignée d’autres nous ayant donné les armes de la compréhension, à présent, donc, que faisons nous ?
Est-il concevable de ne tenir comme philosophie que celle du chaos ( qui est une idée récurrente ) et le discours commun qui l’accompagne et qui veut que seul un grand choc pourra ébranler les consciences... ?
La conquête idéologique n’est pas qu’un phénomène de mode, il s’agit aussi d’une marque culturelle et la conquête des esprits se veut engagée dans un processus de non retour, on peut faire le parallèle avec les psychothérapies auxquelles nous avons parfois recours et qui nous amènent à un changement.
Mais avant de prendre la décision de consulter nous acceptons de souffrir d’autant que la chimiothérapie se montre efficace pour masquer les vrais problèmes et il s’en passe des années avant que le fauteuil d’un psy ne nous accueille !
L’idée de la pensée unique ( j’entends ici le sens originel, c’est à dire la normalisation des rapports de profits ) fait partie intégrante de notre système et est culturellement admise, intégrée.
Et tout système social a pour fonction première de « fabriquer » des citoyens adaptés et non des déviants.
Pourquoi voudrions-nous que ces personnes décident de modifier leur avenir quand ils ne savent pas ce qui les attend ( Changer... Pour quoi ? pourquoi et contre quoi ? ) alors que l’éducation et l’environnement ont fait d’eux ( de nous ! ) des gens qui, bon an, mal an acceptant qu’il est dans la nature humaine de créer des sociétés inégalitaires, acceptent que leur voisin puisse être riche et eux pauvres.
Au mieux, ils souhaitent se rapprocher de la classe sociale immédiatement « supérieure » mais n’envisagent pas d’abolir les inégalités, comme les étasuniens n’envisagent pas un monde de paix, ils ont des armes donc ils préparent la guerre.
La révolution des consciences si chère à Pierre Rabhi est sans aucun doute indispensable, mais la question véritable est comment toucher les consciences qui sont normalement étanches à des concepts culturellement « incorrects » ?
En regardant la lune, tant que je ne serai pas japonais, je ne saurai jamais ce que voit un japonais...
Nos constructions culturelles qui nous procurent notre identité et nous font être à l’aise dans un univers où la plupart de nos semblables voient le monde de la même façon sont les fondements de nos personnalités et toucher à la personne sans avoir recours à la manipulation est une entreprise perdue d’avance.
Alors, quoi ???