L’islam est chronologiquement la troisième religion monothéiste. Apparu dans un contexte marchand, donc ouvert, il s’est singularisé par le discours totalisant, sans interstices, d’un prophète armé, Mahomet, il ne distingue pas la foi, la morale, et l’organisation de la Cité. Le Coran, contrairement à la Bible, traite de tout. La notion de laïcité, acceptable chez les Juifs et les Chrétiens, est donc fondamentalement antinomique avec l’Islam.
L’Islam est aussi antinomique avec la démocratie, mécanisme qui permet aux pays occidentaux d’adapter ses lois à la lumière de l’expérience acquise. Prisonnières de leurs textes sacrés, les nations islamiques n’ont pas cette ressource. Lorsque les élites des pays musulmans veulent s’adapter aux modalités économiques modernes, comme les prêts à intérêt, ils sont obligés de faire des contorsions pour contourner la loi islamique sans en avoir l’air.
D’une manière plus générale, toute modernisation apparaît vite, dans un pays musulman, comme devant passer par une désislamisation qui sera considérée comme une trahison par les fidèles de la religion. On ne peut donc pas dire qu’il existe une démarcation radicale entre islamisme et intégrisme. L’intégrisme ne fait jamais que s’appuyer sur des textes. Ce n’est pas une hérésie.
Faute de pouvoir se développer par des méthodes économiques modernes reposant sur le marché, les sociétés islamiques sont restées essentiellement féodales.
Il n’existe d’ailleurs pas selon l’Islam de réalité observable indépendante de ce qu’a enseigné le prophète, et l’on peut noter que les sciences expérimentales n’ont pu se développer en terre d’Islam que sous les régimes assez forts et assez éclairés pour obtenir de facto une certaine séparation entre le clergé et l’État, donc pour parvenir à une relative désislamisation.