"...Il y a un
silence troublant dans le programme européen.
A aucun moment, le gouvernement de l’un ou l’autre pays n’a
évoqué le sujet de régulation financière. Pourtant, la crise de la
dette souveraine en Europe repose d’urgence un certain nombre de
questions agitées au moment de la faillite de Lehman Brothers,
notamment celle des ventes à découvert, de l’opacité des marchés de
dérivés de crédit, des ventes à haute intensité, des hedge funds,
etc
.___Il y a dix-huit mois de cela, les promesses de réforme ne
manquaient pas. Rappelons-nous : c’en était fini des paradis fiscaux, de
l’économie casino, des financiers sans responsabilité. Dix-huit mois
plus tard, rien ne s’est passé. La faute au long processus de la
démocratie, qui impose des consensus, comme l’expliquait péniblement
Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat aux affaires européennes ce matin
sur France Inter ? La responsabilité incombe plutôt à l’absence
de volonté politique en Europe.
Pendant que les gouvernements européens s’empressent d’oublier ce
grave débat, les Etats-Unis, eux, avancent. Un projet de loi de
1.800 pages est en discussion au Sénat qui prévoit la séparation entre
les activités des banques de dépôts et des banques d’investissement, de
nouvelles règles de provisions sur les marchés de dérivés et pour les
activités de trading sur fonds propres. Tout ne verra peut-être pas le
jour mais le gouvernement affiche sa détermination à encadrer le monde
financier, selon des règles qui feront jurisprudence : son combat contre
Goldman Sachs est l’affirmation qu’un établissement financier quel
qu’il soit ne peut être plus puissant que le gouvernement des
Etats-Unis.
En Europe, rien de cela. Pas un mot, pas un projet."
(M. Orange)