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Commentaire de lady Roungaga

sur « Il n'existe rien d'autre que Dieu… » (1)


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Rounga lady Roungaga 12 mai 2010 10:18

Bonjour Gollum,

je tenais à vous remercier car c’est grâce à vous que j’ai découvert Maître Eckhart. Je pense que c’est à lui, entre autres, que vous pensez quand vous parlez de « christianisme ésotérique » (je ne suis pas sûr que « ésotérique » soit le bon mot d’ailleurs, j’aurais plutôt dit « mystique »). Et en effet, on note de nombreuses ressemblances entre les traités d’Eckhart, qui parle de l’expérience mystique de l’Unité, et certains sutras des spiritualité asiatiques. D. T. Suzuki, dans ses essais sur le Zen, cite d’ailleurs Eckhart à de nombreuses reprises.

Le sage indien déclare qu’il n’y a que Dieu. Ma Ananda Moyi, tout comme Ramakrishna, ou Sri Ramana Maharshi, tous les plus grands sages de l’Inde déclarent que tant que nous croyons que c’est nous (l’ego) qui sommes les auteurs de nos actes, nous sommes dans l’erreur. C’est donc que c’est Dieu qui agit en nous.

Il peut être dangereux d’interpréter cette phrase trop à la légère. En effet, cette vision des choses a également vu le jour dans le christianisme, chez les partisans du Libre-Esprit réprimés par l’Eglise catholique. Les défenseurs de cette doctrine en venaient à reconnaître la légitimité du meurtre dans certains cas. En réalité, l’affirmation du « non-ego » peut se comprendre à différents niveaux, et il s’agit plus d’un but que d’un principe posé comme tel. On retrouve cette notion dans le taoïsme, avec la notion de « non-agir », propre au Sage, mais aussi dans une parole du Christ (« Je ne fais rien par moi-même, mais tout ce que j’accomplis, c’est le Père qui l’accomplit à travers moi », citation inexacte, car de mémoire, je chercherai plus tard). Et c’est effectivement ce qu’affirmait le martyr Hussein quand il clamait « Je suis Dieu », raison pour laquelle il a été éxécuté. Ainsi, il semble que même nos religions occidentales contiennent cette idée de non-ego. Elle n’est simplement pas mise en avant de la même manière. Par exemple, le christianisme et l’islam préconisent des exercices d’humiliation ayant pour but de repousser l’égo du pratiquant, source d’orgueil et donc de péché et donc d’éloignement de Dieu. D’ailleurs le bon pratiquant ne prie pas pour que Dieu exauce ses désirs, mais pour que Sa volonté soit faite. Il compte donc sur la grâce divine pour affermir sa volonté qui le fera agir en accord avec celle de Dieu. La question du libre-arbitre se trouve ainsi résolue et dépassée. Même si le cheminement semble plus alambiqué que dans la spiritualité extrême-orientale qui pose la chose de manière directe, il me semble que l’un dans l’autre il y a toujours un espace où peut s’épanouir une spiritualité authentique et libératrice, quelle que soit la religion.

À l’inverse, notre christianisme officiel (catho, protestant ou orthodoxe) maintient une dualité entre l’homme et Dieu.

Il est vrai que le principal intérêt dans les religions indiennes, chinoises, japonaises, est qu’elles sortent du dualisme et le dépassent (les questions d’être et de non-être y sont résolues et dépassées), alors que le christianisme, à quelques exceptions près, reste souvent englué dans ces notions dualistes de Bien et de Mal, de matière et d’esprit, etc.

Bien à vous, et merci également à Furax pour son article, que je commenterai plus tard.


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