Il est une caractéristique essentielle : la comparaison
effarante entre Tindouf et les autres villes de l’Algérie. Elle participe d’une
cruelle inégalité qui interpelle les consciences. Alors que le régime algérien
thésaurise dans ses coffres-forts pas moins de 160 milliards de dollars, que
les investissements se diluent ici et là, que les pétrodollars valsent à n’en
plus finir, il a délibérément choisi de garder les camps de Tindouf sous la
chape de la misère et de la souffrance des populations. Jamais contradiction
entre paroles et agissements sur le terrain n’a été aussi flagrante. Les
peuples du monde ne comprendront jamais que le fruit du partage des richesses
pétrolières et gazières, étalées un peu partout, prive les camps de Tindouf du
minimum vitale pour survivre. Car, le gouvernement algérien, qui dilapide des
sommes colossales en achat d’armes et en projets pharaoniques, devrait tout de
même être moins parcimonieux dans la conception qu’il se fait de la solidarité
avec les peuples. On se prendrait à rêver qu’il accordât réellement ses actes à
ses paroles, à doter les camps du minimum d’équipements décents et à cesser
surtout d’instrumentaliser ces derniers à des fins politiques et de propagande
grossière. Plutôt que d’étaler dans les télévisions les images de nos frères
parqués sous des tentes, des sites démunis et des enfants chétifs, ne
devrait-il pas, faute de générosité, se résoudre à cette idée que la meilleure
voie pour les aider, c’est d’abord de les considérer en termes de principes
humains.
C’est donc la richesse d’un côté et la misère de
l’autre ! Où est la générosité
musulmane, où est encore la solidarité révolutionnaire que le président
Bouteflika lui-même, autrefois arpentant les estrades de l’ONU avec des accents
guévaristes, ne cessait de vanter ?