Le problème avec Attali, c’est qu’il est intelligent. Il a tous les signes : ancien élève de Polytechnique, de l’ENA, conseiller de Miterrand (ah bon ? ce n’est pas un signe ?). Il est aussi bien inséré dans le pouvoir, le showbiz, les cercles parisiens. Son bref passage à la BERD (merci, Miterrand) lui a fait comprendre que l’accès aux prétendues « hautes fonctions » lui est barré. Alors il a choisi la voie peut-être plus rentable et moins fatigante de « génie mondain ».
Pour ce faire, il a eu deux ennemis redoutables à abattre : le premier, c’était Alain Minc, l’ancien surdoué des années 80, l’homme qui mélangeait le business, la philosophie et la politique, ancien polytechnicien aussi d’ailleurs. Tous deux étaient en concurrence pour le titre de l’Homme Le Plus Intelligent de sa Génération (Giscard était déjà aux oubliettes). On les retrouvait face à face sur les plateaux télé, chacun rivalisait de brillance et de culture. Maintenant que Minc s’est casé au Monde et à l’ombre du Grand Kapital, et qu’il ne pond plus qu’un essai par an, la place est libre.
Mais il reste le second obstacle, bien plus redoutable : la paresse. Briller ou travailler, il faut choisir. Attali a choisi de briller, au besoin en s’inspirant de ce que d’autres ont pensé (le mot est paraît-il faible). C’est toujours assez bien torché, souvent superficiel aussi, mais ça ne va pas bien loin. Dans la masse produite, peut-être restera-t-il quelques textes dans 20 ans, mais ce n’est pas sûr.
Il s’st fait une spécialité de la prospective, ce qui montre bien qu’il n’est pas si intelligent que ça (Minc, plus prudent, lui, préfère analyser le présent à coup de formules définitves). Je me rappelle dans les années 80, l’Ordre cannibale, où il prédisait la vente à l’encan des organes du tiers monde. Dans un autre livre, les vieux étaient euthanasiés à 60 ans pour faire de la place aux jeunes.
En gros, il prend les tendances, les accentue un peu, et hop ! il chie un livre. De temps en temps, il se recycle dans la respectabilité historique (voir son bouquin sur Marx). Parfois, un roman, encensé, jamais lu.
S’il avait du style, ça ferait un auteur de science-fiction secondaire. Mais c’est assez tape-à-l’oeil, plein de formules, du sensationnel plus que de la vraie réflexion. On dirait qu’il raisonne en termes de manchettes à la Une. Je n’ai pas lu sa production depuis longtemps, j’espère que ce dernier est meilleur.
Mais surtout, j’espère qu’il se trompe dans sa description du futur !!!