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Commentaire de Laurent

sur Contrat première embauche : bouc émissaire des universités


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Laurent (---.---.93.242) 2 mars 2006 14:52

Malgré sa grande expérience, je ne sais pas ou Gio a vu des CDI avec comme seule période d’essai un mois (dans ce cas la période d’essai est au minimum renouvelable un mois supplémentaire). Et pour ma part je peux dire que lorsqu’on travaille avec quelqu’un on connaît très vite sa valeur. J’ai moi même recruté plusieurs personnes et lorsqu’il m’est arrivé de me tromper je l’ai su dès les premières semaines de travail.

Pour ce qui est du CPE, relier ce problème à celui des stages est malhonnête, si les stages à répétition sont un problème (et ils le sont) il faut encadrer les conventions de stage et ne les autoriser que dans le strict cas des études, avec des durées maximales. Lorsque les entreprises ne pourront plus trouver de main d’oeuvre gratuite peut-être qu’ils embaucheront. Le gouvernement n’a pas fait le CNE et le CPE pour les chômeurs mais pour les entreprises. Les entreprises militent activement depuis des années pour une plus grande flexibilité du travail. Au point que par exemple dans le domaine de l’informatique la plupart des entreprises on recours à un volant important de « consultants » (entre 10 et 20%, près de 80% dans certains services) qui leur permet d’assurer une flexibilité forte (on peut mettre fin à un contrat de consultant n’importe quand).

La réalité c’est que nous allons dans vers un système de droit du travail anglo saxon sur des modèles comme ceux du Canada, des US ou de l’Angleterre. Un modèle dans lequel on peut licencier comme on veut sous des délais très rapide (ceci dit le salarié peut également partir quand il veut), on n’est plus asujetti à des salaires minimaux etc. Ce modèle est censer apporter plus de flexibilité et permettre de réduire le chômage.

Cependant les études économiques montrent que dans ces pays, à part le Canada qui a encore un marché du travail fort, cela n’a aucun impact sur le chômage par contre cela à un impact fort sur l’émergence de la pauvreté et notamment des travailleurs pauvres.

Les entreprises souhaitent retourner à un système qui s’apparente au XIXes quand les travailleurs attendaient place de la grève pour essayer d’obtenir une embauche pour la journée. Ceci dit cela est normal car c’est le système qui leur sied le mieux, en tout cas pour un grand nombre de tâches ne nécessitant pas énormément de compétences. Flexibilité maximale, coût minimal, les entreprises ont des règles du jeu elle jouent avec. La règle du moment c’est profits max, elle jouent donc sur tous les paramètres possibles.

Un des effets pervers du CNE et du CPE se fait déjà sentir, lors de l’annonce des chiffres du chômage pour janvier 2006 on a appris (journal de 19H France Inter le 28/02)que un nombre important de CNE signés provenaient de la transformation de CDI potentiels en CNE...

Effectivement nous risquons d’ici quelques années de regarder avec nostalgie ces fameux et scandaleux « avantages acquis » nous n’aurons plus qu’une poignée de jours de congés, nous travailleront 12H par jour avec sans doute deux boulots pour pouvoir juste survivre et au final nous seront satisfaits de voir que nos entreprises sont florissantes et nous lirons avec fiertés leurs comptes de résultats affichant des milliards de bénéfice car finalement sans nous elles ne fonctionneraient pas aussi bien. Les différents exemples de réussites de nos idoles s’étaleront dans les pages des journaux les montrant se baignant dans des piscines de champagne, montant dans leurs A380 privés et claquant 2000 ans de notre salaire en une soirée. Et on lira tout cela avec des étincelles dans les yeux en se disant mais moi aussi j’ai ma chance, si je travaille bien c’est ça la beauté du libéralisme, je suis fier d’avoir participé à la mise en place de cet fantastique progrès de l’espèce humaine qu’est le libéralisme économique...


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