Non,non en Iran oui.
Foulard fleuri sous le tchador noir et sourire déterminé, la présence de Zahra Rahnavard sur les podiums électoraux, la main dans celle de son mari, l’ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi - du jamais-vu en Iran - avait été la première surprise de la campagne pour l’élection présidentielle du 12 juin 2009. A ceux qui la critiquaient, elle répondait : « L’homme a besoin de la femme. Il faut deux ailes à l’oiseau pour voler... »
Les intégristes s’en prennent aux statues iraniennes
Très connue pour ses talents de sculptrice, Zahra Rahnavard enseigne à l’université, à Téhéran. Un métier dont se méfient les fondamentalistes les plus intégristes, et exercé par une femme de surcroît. Alors comment vit-elle cela au jour le jour ?
Aux pressions politiques s’ajoutent les pressions artistiques. « Dans les universités, vous savez, il est interdit d’étudier la statuaire féminine, alors on travaille surtout sur l’art abstrait. Sauf quand la mairie nous commande, par exemple, des statues pour décorer les parcs et les places publiques », répond-elle fataliste. Et puis, elle ajoute, préoccupée : « Il faut faire savoir qu’en Iran, les intégristes, qui veulent effacer toute trace artistique du pays, sont en train de voler et de faire disparaître toutes les statues des lieux publics ! »
De fait, la presse iranienne, ces dernières semaines, s’est souvent fait l’écho de ces étranges « disparitions » d’objets d’art. Zahra Rahnavard est elle-même l’auteure d’une statue allégorique de la « mère », très connue, qu’elle qualifie « d’art abstrait figuratif » et qui orne une place célèbre de Téhéran, la place Mohseni. Craint-elle pour son oeuvre ?
« Ils ont déjà essayé de s’en prendre à cette statue, explique-t-elle avec une pointe d’humour. Un jour, ils ont enroulé des cordes autour d’elle pour la faire tomber, mais les gens du quartier, alertés, sont arrivés. Et pour les faire lâcher prise, ils ont menacé, si la statue disparaissait, de rebaptiser la place Mohseni en... place Rahnavard ! » Impensable dans le climat actuel. La statue est restée. Mais la mairie a tout de même fait jeter un voile dessus.
Depuis, M. Moussavi, l’un des candidats malheureux soutenus par les réformateurs, n’a cessé de contester la réélection du président Ahmadinejad, prenant rapidement la tête du grand mouvement « vert » d’opposition.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/05/20/l-iran-une-immense-prison_1360395_3218.html