Christine Lagarde, portraiturée par Patrick Rambaud, dans le premier tome de la « Chronique du règne de Nicolas Ier » :
« Elle présentait bien à l’écran, hâlée comme au retour de Biarritz, le cheveu gris de fer taillé court, le foulard de prix mais négligemment posé autour du cou, un sourire plein de dents fort hollywoodien. Enfin elle illustrait jusqu’à l’extravagance l’individualisme forcené de la pensée régnante. « Vous voulez gagner des sous ? disait-elle. Faites comme moi, travaillez plus et plus encore, arrêtez de penser, agissez ! » Elle débusquait un flemmard derrière chaque chômeur et n’en avait aucune indulgence ; elle ne saisissez pas que le petit nombre de chanceux qui parviendrait à travailler plus priverait des milliers d’autres de travailler tout court.
Même si vous lui démontriez par les chiffres cette impertinente vérité, notre marquise n’en démordait pas et se cantonnait à la sienne.
(...)
La marquise de La Garde avait résolu de vivre à coté du réel, à l’inverse de notre très considéré Prix Nobel, M. Camus, qui l’en aurait instruite avec un seul adage : « La vérité de l’esclave vaut mieux que le mensonge du seigneur ». Pour qu’elle comprît M. Camus, il eût fallu que la marquise ne possédât point un gésier à la place du coeur et qu’elle eût un oeil moins myope. Peu importait. Deux jours après son installation au palais de Bercy, Sa Majesté la salua en ces termes : « C’est la meilleure à cette place, elle va battre tous les records ! ». On ne sut pas tout de suite de quels records il s’agissait. »
D’autres bonne feuilles (et portraits) de la « Chronique
du règne de Nicolas Ier » en lien ici.