Je n’ai pas tout dit
ultimes révélations au service de la France
entretiens
avec Jean-Charles Deniau
Aussaresses,
Paul - Deniau,
Jean-Charles
Je n’ai pas tout dit
Ultimes révélations au service de la France
« Qu’est-ce
qui t’a pris d’ouvrir ta gueule ? » demande Marcel Bigeard à son
camarade de combat, le général Paul Aussaresses, ancien de la France
libre, baroudeur de légende, quand il a commencé de livrer ses souvenirs
sur la guerre d’Algérie dans son ouvrage Services spéciaux - Algérie
1955-1957 (Éditions Pion et Perrin, 2001). En disant clairement que oui,
il avait torturé et qu’il en avait reçu l’ordre, le général Paul
Aussaresses a provoqué un beau tohu-bohu médiatique qui s’est soldé par
sa condamnation pour apologie de crimes de guerre en 2003 et sa
démission forcée de l’ordre de la Légion d’honneur.
Tout le monde
lui tourne le dos, mais son témoignage en déclenche beaucoup d’autres.
Jean-Charles
Deniau, qui l’avait interviewé dans son documentaire « Paroles de
tortionnaires » est retourné le voir dans sa retraite.
Le Général
a bientôt 90 ans, il ne voit presque plus, il est fatigué, mais les
souvenirs de toute sa vie de soldat et d’agent secret - il a été membre
du service Action du SDECE - sont intacts, comme son humour à froid et
sa façon particulière d’énoncer les faits. Lui qui a désobéi pour la
première fois de sa vie en 2001, en brisant la loi du silence, a décidé
de ne pas « rentrer dans le rang » et de récidiver.
Est-ce le
défaut de reconnaissance qui l’accablé aujourd’hui, depuis que la Légion
d’honneur lui a été retirée, ou le tourment inavoué de sa conscience
qui pousse Paul Aussaresses à affirmer : je n’ai pas tout dit ?
Répondant aux questions sans complaisance de Jean-Charles Deniau et
Madeleine Sultan, il se confie, et c’est un demi- siècle de coups
tordus, de guerre froide, de ventes d’armes, d’affaires jusqu’ici tenues
secrètes qui se dévoilent dans ce livre.
Les gouvernements de
droite comme de gauche se succèdent sans que rien ne change dans un
monde où tous les coups sont permis. Paul Aussaresses répond aux
questions, n’a rien oublié et raconte : les ventes d’armes à toutes les
dictatures, en particulier à celles d’Amérique latine, sous Giscard
comme sous Mitterrand, la formation des futurs officiers tortionnaires
du Chili et d’Argentine par des instructeurs français, les opérations
« homo » (homicides) en Afrique, Klaus Barbie-Altman opérant pour
l’industrie française en toute tranquillité, en Bolivie. Enfin, ultime
révélation, Paul Aussaresses nous permet d’éclaircir un des derniers
grands mystères de la guerre d’Algérie.
Pour autant, le Général
a-t-il tout dit de lui-même ?
A-t-il consenti à revenir sur ces
fameuses « circonstances » qui semblent avoir, au fil d’un irrésistible
processus paralysé les plis de sa conscience ?
Tout au long de
ces entretiens très serrés, Jean-Charles Deniau et Madeleine Sultan ont
cherché à explorer la question du libre-arbitre et de la responsabilité
de l’officier en temps de guerre, qui s’est posée à chaque étape de cet
itinéraire sans retour.