L’immense majorité des élèves d’hier s’est ennuyée dans l’enseignement secondaire. Ca n’est donc pas nouveau. L’enseignement
n’est ni théorique, ni pratique ; il est entre les deux. On dit qu’il est
propositionnel. De plus, autant on s’émerveille devant un élève de maternelle,
voire de primaire qui apprend quelque chose, autant on ne s’ébahit plus devant
son enfant de 6è. Apprendre devient normal quand c’était extraordinaire en
primaire. Ca n’est pas non plus nouveau.
Quant au sport, cette activité
est fondamentale, irremplaçable pour bien apprendre. Pourquoi ?
La base de données Medline
regroupe plus de 30000 articles qui font l’apologie du sport. Parmi ceux-ci, Anderson,
Eckburg et Relucio nous apprennent que les gens qui pratiquent régulièrement un
sport ont une masse corticale plus développée que les autres.
D’autre part, des chercheurs comme Tong, Shen, Perreau, Balazs, & Cotman ont démontré que les
activités physiques modifient l’expression du gène et augmentent l’apprentissage
et la mémoire.
Les exercices physiques
alimentent certes le cerveau en oxygène, mais également en neurotropines (des
protéines), ce qui augmente la connexion entre neurones.
Van Praag est l’un des
premiers à avoir découvert que l’exercice physique favorisait la production de
neurones, même après 60 ans.
Par la suite, Kempermann a
démontré que la neurogénèse produite par les exercices physiques augmentait les
facultés cognitives et diminuait la dépression, surtout la dépression chronique
hivernale. L’exercice physique régule l’humeur via la production d’opioïdes
naturels.
Le chercheur Terrence Dwyer a
démontré avec son équipe que les performances scolaires étaient meilleures chez
les élèves qui font du sport que chez ceux qui n’en font pas. Il a même poussé
le vice assez loin puisqu’il a également comparé un groupe expérimental qui
faisait 375 minutes d’exercices physiques par semaine avec un groupe de contrôle
qui n’en faisait « que » 90. Devinez quoi ?
Le cervelet est la zone du
cerveau la plus associée au contrôle moteur. De la taille d’un poing, il est
situé derrière le lobe occipital. Il fait 1/10è du volume du cerveau mais
comprend environ la moitié des neurones d’après Ivry et Fiez. Peter Strick,
chercheur au Veteran Affairs Medical Center of Syracuse à New York a noté via l’imagerie
fonctionnelle que la partie du cerveau qui traitait les mouvements et l’apprentissage
était la même.
Je pourrais continuer à livrer
des milliers de données sur le sujet, c’est inutile. Croire qu’on étudie mieux
en étudiant assis est faux. Socrate enseignait en marchant. Croire qu’on étudie
mieux en étudiant plus est faux. Il faut prendre en compte la capacité d’assimilation
qui n’est pas compatible avec l’organisation passée et actuelle des cours.
Faire du sport l’après-midi n’est
donc pas une mauvaise chose, bien au contraire. D’autant plus que la
chronobiologie nous enseigne que l’attention n’est pas au top entre 12h et 16h.
Mais les différences individuelles sont très importantes en la matière. Pour
certains, ce sera entre 12h et 13h, pour d’autres entre 13h et 14h, pour d’autres
encore entre 12h et 15h. Etc.
La réforme telle qu’elle est
présentée aura des conséquences positives, bravo au gouvernement pour aller à l’encontre
des préjugés. En revanche, elle est largement insuffisante pour maximiser les
bénéfices attendus. Il y a bien d’autres choses à faire pour améliorer la
performance, pour que chaque élève, que chaque étudiant, réussisse et trouve du
plaisir et de l’intérêt à étudier. Cela est possible mais n’est pas fait.