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Commentaire de Samuel Moleaud

sur La globalisation des échanges est un génocide contre l'Humanité


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Samuel Moleaud 1er juin 2010 17:04

Proudhon prône un anarchisme socialiste, ce qui le distingue de l’anarchisme individualiste...Par conséquent, lorsqu’il écrit qu’il souhaite que chacun dispose librement des fruits de son travail, il ne met pas ces derniers au service de la propriété privée, mais collective, dans la mesure où il souhaite que ce fruit du travail ne soit pas exproprié par l’entreprise... C’est ça la liberté du travail : la gestion des usines et des entreprises, de l’appareil productif en association de travailleurs... donc travailleurs, syndicalistes, militants, tous ceux qui donnent à la communauté reçoivent une part égale tant qu’ils ne sont pas oisifs et qu’ils ne profitent pas effectivement du travail d’autrui.

Il disait lui-même que la propriété privée relève du vol, car elle est souvent l’apanage des patrons (au sens du 19ème siècle) capitalistes ! Je pense que cet homme était d’accord pour que ceux qui font tourner l’appareil productif en soient les propriétaires, et non que la production soit possédée par les bourgeois et capitalistes ! Il y a vol et non reconnaissance de la valeur du travail lorsqu’un petit groupe de dirigeants déterminent les objectifs de production pour l’année, et qu’ils ne payent pas leurs escla..salariés à juste titre (ils sont certes payés au smic, mais leur travail en vaut le double, après répartition du capital entre l’Etat, les fournisseurs, les dividendes) ! Soit, le fonctionnement de l’organisation actuelle du travail. Regarde d’ailleurs, comment la Division Internationale du Travail fut établie, c’est instructif ...

C’est ça, l’esclavage moderne : faire travailler quelqu’un, l’y obliger à rester fidèle à son poste (tensions du marché du travail obligent), et lui faire croire qu’il jouit de son travail. Tu as bien gobé le paradigme dominant du Medef on dirait, sans vouloir être insultant !

La liberté c’est jouir de sa propre production, ça, c’est la définition libérale que tu as retenue, et celle-ci a d’ailleurs été présentée par les libéraux des 18-19ème siècle (Locke, Tocqueville, Constant, Bentham etc) Demande aux salariés des Sociétés COopératives de Production s’ils se sentent esclaves, là où tout le monde est l’égal de l’autre, et où il n’y a d’actionnariat autorisé qu’à ceux qui font tourner l’entreprise, et non à des fonds extérieurs... Je ne nie pas la propriété, je souhaiterais que la propriété des moyens de production soit réattribuée à ceux qui font tourner la production, aux travailleurs, au facteur travail, non au facteur capital...Et oui, il suffirait de l’utiliser pour se l’approprier, et ainsi répartir équitablement les bénéfices entre les mains de ceux qui ont produit. Ce n’est pas du vol, si justement ce bien a été acquis, racheté par les travailleurs, unis.

Et si tu me prêtes une perceuse pour faire des travaux, fixer une étagère ou autre, il est normal que je te la rende, bien sur...mais une perceuse est un instrument privatif, qui ne peut être possédé que par un seul. Je ne pense pas que tu aies choisi le meilleur exemple pour argumenter ton propos. Parce qu’effectivement, si l’on proclame que tous l’étage de l’immeuble est propriétaire de ta perceuse, cela ne marchera pas. Mais si les mêmes habitants de l’étage en achètent une (ou plusieurs) ensemble, alors là elle sera détenue par tous. Même si ce serait le bordel, dans le concept c’est l’égale participation de tous qui supprime l’aspect de vol. Tout dépend de ce que tu appelles dédommagement : je ne te paierai pas pour un prêt de perceuse, par contre tu me la prêtes, donc en retour, je peux te rendre un service si t’en as besoin après, cela s’appelle l’échange et l’interaction sociale !

Le problème de l’actionnariat, de la rétribution du capital, c’est qu’il est voué à des étrangers du système productif : je vais investir 10 000 euros chez l’entreprise lamba, je pourrai siéger au conseil d’administration, et exiger des dividendes en cas de bénéfices comme rémunération de mon investissement en fonction des fluctuation du marché (taux d’intérêt) Mais je n’ai fourni aucun effort personnel pour générer ce bénéfice. L’argent que j’empoche reste donc du vol envers le travailleur, qui lui, a bossé, a produit, mais n’a pas acheté de part de capital (car trop pauvre financièrement). Dans cette spirale, l’entreprise n’enrichit que les riches et asservit le salarié... Moi je veux bien qu’une entreprise enrichisse des gens comme tu dis, mais uniquement si justement, le capital est rétribué équitablement. Or ce n’est pas le cas dans la plupart des entreprises.

Effectivement, les anarchistes libertaires au sens que Proudhon en a donné, refusaient l’Etat et le gouvernement des hommes... mais comme l’humain, les idées politiques évoluent avec le temps. Il serait temps de se rendre compte que désormais, la plupart des anar un peu cultivés savent qu’il est impossible de supprimer l’Etat, il est même nécessaire : comme dit Chomsky, (qui est marxiste, ET anarchiste, tu vois que les deux sont combinables, soit dit en passant), l’Etat est une cage qui permet de se protéger des agressions extérieures que sont les multinationales, la finance, le commerce international, et les institutions internationales de type FMI, OMC. Et l’Etat peut être social, tout en laissant l’individu libre de ses actes, sans le soumettre à la dictature administrative qui sévit en France...

Ce que tu dis ensuite est faux, car même les anarchistes socialistes du temps de Proudhon (Bakounine par exemple) consacrent nombre de pages à l’établissement de la justice sociale, garantie par le Droit...Simplement que ce droit, cette justice, n’est pas dans la philosophie politique, attribuée aux notables, aristocrates, et n’est pas au service de la classe dominante...La préservation du droit, peut se faire dans un système autant social que libéral et individualiste. Et je pense par contre, qu’un peu d’anarchisme au sein des procédures dites institutionnelles et démocratiques ne feraient pas de mal : cela inclurait de l’égalité, de la solidarité, la justice sociale, et moins de division de la population pour mieux régner...

Et que cela change-t-il que mon discours soit libertaire ou marxiste ? D’une tu verras que la frontière est proche entre les deux, et deuxièmement, s’attribuer une étiquette de marxiste ou d’anarchiste, empêche de réfléchir puisque ce serait s’inscrire dans une boîte à penser...un formatage idéologique alors que l’on peut prendre du bon dans la théorie libérale, du bon dans la théorie socialiste, tout comme il y a beaucoup de mauvais dans le capitalisme effréné, ainsi que dans le « communisme » d’Etat de l’URSS (qui n’a d’ailleurs jamais été socialiste)... Quant à Proudhon, il affirmait que l’homme n’a pas besoin de se mouvoir dans quelconque religion que ce soit, car la religion est tout aussi absolutiste que le pouvoir : alors qu’il se retourne dans sa tombe, ça, c’est ta vision de l’esprit, camarade internaute !!

Et je pense que citer deux lignes de Proudhon ci et là pour critiquer mon commentaire ou mon article est dangereux, puisque sa pensée au fil de ses ouvrages est très évolutive... L’on pourrait même dire qu’il n’était pas libertaire, étant donné qu’il a été élu au Parlement lors de l’instauration de la seconde République entre 1848 et 1851 ?
Son anarchisme n’est plus le même que celui d’aujourd’hui, il faut se mettre à la page ;) !

Ceci dit, c’est bien de « débattre » avec des gens qui ne sont pas d’accords, alors merci pour ta critique !


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