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Commentaire de Tristan Valmour

sur Hayek toujours d'actualité


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Tristan Valmour 11 juin 2010 16:40

Me considérant comme un grand garçon, je ne vois pas en quoi un Etat disposerait du droit à me contraindre pour peu que je ne veuille pas le mal de mon innocent voisin.

 

Mais lorsque cet Etat est dirigé par une personne bonne et pour l’intérêt général, comme ce fut le cas avec de Gaulle, alors l’Etat peut être une bonne chose pour le plus grand nombre. Mais le plus grand nombre ne fait pas l’unanimité aussi, même un système étatiste parfait nuira à un certain nombre d’intérêts et d’aspirations individuels légitimes.

 

En revanche, comme c’est la règle, l’Etat est dirigé par des incompétents qui n’ont cure de l’intérêt général. Le système politique oblige ces gens à mentir, tricher, voler et tout faire pour écarter les concurrents afin de parvenir au pouvoir suprême. Je ne comprends donc pas comment les Etatistes puissent vouloir un Etat fort et de l’autre côté critiquer Sarkozy qui impose ses vues personnelles à tous via les instruments de l’Etat.

 

Voilà pourquoi les doctrines libérales sont-elles séduisantes en ce qu’elles promettent à chacun de vivre ses aspirations, non plus les rêver, pour peu que chacun dispose des compétences, connaissances et déploie l’énergie nécessaire pour y parvenir. La contrainte étatique s’effacerait alors pour que l’individu s’épanouisse.

 

Cependant, toutes les doctrines libérales sont antérieures au savoir dont on dispose désormais sur le fonctionnement de l’être humain.

 

Effectivement, à supposer que dans un monde parfait, nous bénéficiions des atouts de manière égale, chacun de nos actes est le fruit d’une décision. Or, contrairement à ce que l’on croit, on ne prend pas des décisions en fonction des informations disponibles, de manière logique. Donc, même dans un monde parfait, où chacun aurait accès à une information vraie en même temps, l’interaction avec cette information (donc la décision) serait imparfaite et illogique.

 

Toute information parcourt effectivement sous forme de signal bio-électro-chimique dans les neurones le cortex qui abrite les fonctions supérieures qui nous permettent de décider consciemment, mais aussi le système limbique, siège des émotions. L’amygdale et l’hippocampe (pour n’énoncer que ce dont chacun a entendu parler), deux éléments fondamentaux du système limbique, jouent un rôle primordial dans la prise de décisions. Au final, c’est l’émotion, non pas la cognition qui préside à nos décisions.

 

Cela explique que nous sommes capables de donner notre vie individuelle pour quelqu’un ou pour une cause. Cela explique que l’on peut être un grand homme politique et tomber pour une banale histoire de fesse. Cela explique que l’on préfère manger un bon repas qui nous laissera sur notre faim plutôt qu’un repas médiocre qui nous rassasiera.

 

De plus, lorsqu’on sait que les adolescents connaissent une période où ils perdent en peu de temps plusieurs millions de neurones – ce qui explique leur comportement étrange parce que les connexions doivent se réorganiser – on se demande comment ils peuvent être reconnus comme responsables de leurs actes confus et incertains.

 

D’ailleurs, parce qu’une décision est présidée par les émotions, un adulte est-il lui-même responsable ? La responsabilité individuelle est en tout cas extrêmement limitée. Même dans un monde parfait. Il appartient donc au groupe de compenser les carences individuelles.

 

Sur un plan psychologique et neurobiologique, qui sont quand même le fondement de l’Homme (l’économie n’est qu’un construit), les doctrines libérales qui reposent sur la responsabilité individuelle ont tout faux. Même dans un monde parfait. Et je n’ai même pas parlé de la psychologie de la motivation !

 

L’individu est si faible que lorsqu’il va jouer à la roulette, il misera sur le noir lorsque le rouge est tombé 50 fois de suite. Il ne pensera pas que le noir peut tomber 51 fois de suite, et plus tard, le rouge aussi. Ca paraissait pourtant logique et intelligent de miser sur le noir. Eh bien non !

 

Le libéralisme parle de la liberté individuelle en la définissant comme franchise. Etre libre, chez les libéraux, c’est être affranchi, libéré des contraintes. Or la liberté individuelle revêt bien d’autres aspects. D’ailleurs, elle n’est que partielle, parce que nous subissons quantité de contraintes naturelles (le temps qu’il fait, le temps qui passe, les lois de la physique et du vivant…) qui nous empêchent d’être libres. Zen, tu sais de qui c’est non ? De l’autre côté, la contrainte peut nous donner une liberté plus grande. Par exemple, l’homme qui accède aux contraintes éducatives sera plus savant et plus libre. Mais le savoir est aussi une prison. Dur de s’y retrouver non ?

 

Bon, je m’amuse mais il faut conclure. Autant on ne peut pas caricaturer la pensée libérale qui comporte beaucoup de bonnes choses, autant on ne peut pas non plus renier les apports de la pensée étatiste.

 

Il faut revenir à la nature humaine car l’Homme est à la fois un être individuel et un être collectif. L’économie et le politique, qui sont des systèmes d’échange, doivent prendre compte de ces impératifs qui s’imposent à tous. On ne peut donc nier l’individualité de l’Homme, ni sa collectivité.

 

Pour ma part, je me définis comme un libéral éclairé. Je suis pour une liberté individuelle élargie, une Etat beaucoup plus réduit qu’aujourd’hui, et une récompense spécifique pour les individus les plus méritants, soit parce qu’ils travaillent plus, sont plus intelligents, ou pour d’autres motifs encore. Mais cette récompense doit être limitée. Sinon la situation d’oligopole vient vite, et des individus acquièrent une puissance qui nuit à la concurrence et aux autres individus. La société ne se renouvelle plus et alors sombre.

 

Effectivement, reprocher la toute puissance de l’Etat c’est condamner l’hégémonie. Or, les hyperfortunes (Buffet, Soros, Gates, Pinault, etc.) sont hégémoniques. Les grandes entreprises sont hégémoniques.

 

Toute puissance doit donc être limitée au nom de l’intérêt supérieur. Et maintenant je vais me coucher parce qu’il est bien tard.

 

Et surtout ne pas oublier : tout homme mérite de vivre une vie digne et humaine. Aucune règle, aucune loi, aucun système économique ne devrait empêcher cela.

 

 

 

 

 

 

 


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